L’objectif de l’application : rendre visibles les millions de vaches, cochons, moutons, poules qui suffoquent chaque été en silence dans les camions. Après les « mesurettes » prises l’été dernier par Didier Guillaume, chaque utilisateur de TRUCKalert enverra ainsi un message clair au Gouvernement : stop aux transports d’animaux au-delà de 30 °C !
Morts de chaud avant même d’atteindre l’abattoir : l’été dernier, plus de 500 poulets français étouffaient dans le camion qui les transportait vers la Pologne. Température extérieure : 35 °C. Au même moment, des cochons – français, eux aussi – succombaient dans le camion qui les transportait vers un abattoir allemand. Température extérieure : 41 °C. La souffrance des animaux d’élevage, nous l’associons aux abattoirs ou aux élevages intensifs, mais les entasser durant des heures dans des camions et les transporter sous un soleil de plomb est une forme de maltraitance à part entière. Ni sang ni cris, c’est une souffrance silencieuse, mais elle n’en est pas moins réelle. C’est pour cette raison que Welfarm a créé l’application TruckAlert. Pour qu’enfin, cette souffrance soit entendue.
Un camion circule par plus de 30 °C ? Signalez-le sur TruckAlert
L’application TruckAlert (« Alerte-camion » en anglais) sera bientôt disponible sur l’App Store et Googleplay et est déjà accessible en ligne sur truckalert.fr. Le principe est simple : quand Météo France annonce des températures supérieures à 30 °C dans sa région, l’utilisateur reçoit une alerte sur son téléphone. Dès qu’il croise une bétaillère chargée d’animaux, il lui suffit de se connecter et d’appuyer sur « Je signale un camion ». Son téléphone est géolocalisé, l’heure et la température exactes sont enregistrées et envoyées à Welfarm. Les données seront collectées tout l’été et chaque signalement témoignera de dizaines d’animaux souffrant de la chaleur dans les camions. Grâce à tous ces « lanceurs d’alerte », nous pourrons montrer à quel point les mesures prises par le Gouvernement pour protéger les animaux durant la canicule sont inefficaces.
Welfarm saisit la justice pour suspendre les transports d’animaux durant les fortes chaleurs
L’été dernier, sous la pression des ONG, le ministre de l’Agriculture prenait, en effet, un arrêté censé limiter les transports d’animaux durant la canicule. En réalité, il n’a fait qu’interdire certains transports, entre 13 et 18 heures, dans les départements classés en vigilance orange canicule. Il suffit de consulter les relevés météo pour déceler les carences de cet arrêté. Le 28 juin 2019 à Sète, il faisait déjà 35° C à 9 heures du matin et encore 40° C à 20 heures. La veille, à Peyrilhac, où se trouve l’un des plus gros centres de rassemblement de bovins de France, il faisait 33°C à 9 heures du matin et 32° C à 20 heures. Autre faille : le 7 juillet, l’Hérault n’était pas classé en vigilance orange. Pourtant, la température atteignait les 37° C à Sète. Les animaux souffrent de la chaleur tout l’été, et pas seulement durant les jours et les plages horaires définis de manière arbitraire par un arrêté qui s’apparente fort à une opération de communication. Un constat que chacun pourra confirmer, cet été, en utilisant l’application TruckAlert. Welfarm a, d’autre part, saisi le Conseil d’État pour demander l’annulation de l’arrêté du 22 juillet 2019 et contraindre le ministère de l’Agriculture à suspendre tous les transports d’animaux, sans exception, dès que les températures annoncées dépassent les 30 °C.
Selon la réglementation européenne sur les transports, les camions transportant des animaux sur de longues durées doivent maintenir une température maximale de 30 °C à l’intérieur de l’habitacle des animaux. Autant dire mission impossible lorsque la température extérieure dépasse elle-même les 30° C. Le ministère de l’Agriculture en convient lui-même, sur son site Internet : « Par des conditions climatiques supérieures à 30° C, compte tenu notamment de la chaleur dégagée par les animaux en dépit du déplacement de véhicule, les bétaillères classiques ne permettent pas de maintenir les températures à l’intérieur des compartiments dans la fourchette réglementaire. » Cette limite des 30 °C fixée par le règlement est d’ailleurs déjà bien supérieure aux recommandations de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) qui préconisent, par exemple, de ne pas dépasser les 25 °C dans les conteneurs transportant des poulets.
Welfarm appelle les vétérinaires à plus de vigilance
Dans le cas des longs transports, il incombe aux services vétérinaires français (DDcsPP) de vérifier que l’itinéraire prévu par le transporteur n’exposera pas les animaux à plus de 30 °C. Ce n’est, hélas, pas toujours le cas. Chaque année, les ONG alertent le ministère. En juillet dernier, l’ONG Animals’ Angels a suivi durant douze heures un camion transportant des moutons de France vers l’Italie : le véhicule a roulé durant ces douze heures malgré une température extérieure de 36,5 °C. Les animaux ne pouvaient ni se coucher, ni atteindre les abreuvoirs… La direction générale de l’Alimentation (DGAL) constate elle-même qu’en 2018, dans certains départements, de nombreux carnets de route ont été contrôlés « de manière très superficielle, voire n’ont pas été contrôlés du tout ». En prévision de la canicule, Welfarm a donc demandé au Bureau de la protection animale, service dédié au sein du ministère de l’Agriculture, de veiller à une application plus stricte de la réglementation et de sanctionner les services vétérinaires négligents. Welfarm s’est également adressée à l’Ordre des vétérinaires pour leur rappeler les recommandations en matière de transports lors des fortes chaleurs.
Rendez-vous à Sète, Nîmes et Lyon pour le lancement de l’application TruckAlert
Ce n’est pas un hasard si Welfarm a choisi Sète pour inaugurer l’application TruckAlert. Chaque année, 150 000 animaux y sont chargés sur des bateaux à destination de l’Afrique ou du Moyen-Orient. Or, pour chaque cargo, des dizaines de bétaillères venues de toute la France convergent vers le port bétailler, où la température dépasse fréquemment les 35° C. Sans même parler des températures qui attendent les animaux de l’autre côté de la Méditerranée. Ce vendredi, un camion de sensibilisation sillonnera donc les rues de la ville, tandis que les militants de Welfarm présenteront l’application aux Sétois dès 14 heures sur le quai du Général-Durand. Même opération à Nîmes ce samedi 4 juillet, puis à Lyon ce dimanche 5. TruckAlert est aussi un moyen d’envoyer un message au ministère de l’Agriculture, ainsi qu’aux services vétérinaires : cet été, partout sur les routes, les ONG ne seront pas les seules à surveiller les bétaillères. Les Français, eux aussi, vont ouvrir l’œil…
Pour plus d’informations sur les transports d’animaux et signer la pétition : action-transports.fr