Welfarm a mis à jour son outil d’évaluation des marques et des distributeurs en matière d’alternatives à la castration chirurgicale des porcelets, le Castra-Score. Bonne nouvelle : deux nouvelles marques ont intégré le classement, toutes deux avec la note maximale, et d’autres ont confirmé ou même amélioré leur score. Malheureusement, d’autres marques et enseignes refusent tout dialogue sur le sujet, notamment le géant de la viande Bigard.
Dans le cadre de sa campagne #StopCastration, Welfarm a lancé début 2022 un outil d’évaluation des marques et des enseignes de grande distribution : le Castra-Score. Cette année encore, l’association a rencontré éleveurs, des transformateurs et des distributeurs afin de mettre à jour son classement.
On constate pour ce millésime une amélioration de la position de certains acteurs, avec, notamment, l’arrivée de deux nouvelles marques qui obtiennent la note maximale dès leur entrée dans le classement.
Deux nouveaux arrivants
Cochonnailles du Haut Bois et La Nouvelle Agriculture intègrent en effet le Castra-Score avec la note de 5/5 :
- 100 % des approvisionnements de la marque La Nouvelle Agriculture sont issus de porcs non castrés. Un engagement concret en faveur du mâle entier !
- Cochonnailles du Haut Bois est engagée en faveur du mâle entier et élève des porcs sur paille sans aucune castration ! Tous les porcs sont vaccinés contre les odeurs de verrat depuis 2016.
Des acteurs en progression
Également en tête du classement, on retrouve Brocéliande, qui conserve la note maximale. La marque s’approvisionne exclusivement en porcs non castrés, y compris, désormais, en filière bio. Brocéliande est une pionnière de l’élevage de porcs entiers puisque les éleveurs de la Cooperl, coopérative qui détient la marque, se sont lancés dans l’élevage de mâles non castrés depuis 2013 !
Juste derrière, on retrouve la marque Madrange qui conserve sa moyenne de 4,9/5. Madrange est la marque la plus importante de la Cooperl. Elle se fournit désormais à hauteur de 96 % en porcs mâles entiers.
Précurseur du mâle entier en France, la marque Herta s’est engagée publiquement à atteindre, le plus rapidement possible, 100 % de viande issue d’élevages de porcs non castrés. Elle conserve sa note de 4,4/5.
Enfin, Casino a mis à jour sa politique en matière de castration à l’été 2023. Le distributeur encourage désormais ses fournisseurs à tester des alternatives à la castration physique, telles que l’élevage de mâles entiers et l’immuno-castration. Sa note passe de 1,5/5 à 3,8/5.
Bigard freine les alternatives
Malheureusement, un certain nombre d’enseignes et de marques ont refusé d’échanger sur ce sujet ou n’ont pas répondu aux sollicitations de Welfarm. C’est le cas d’Aldi, de Cora, de Jean Floc’h, de Porc Montagnes, de Naturéo, de Famille Fantou, de Clavière et, bien sûr, de Bigard.
Le groupe Bigard a été sollicité à de nombreuses reprises depuis 2016 par Welfarm, afin d’ouvrir le dialogue sur la castration des porcelets. Deux lettres ouvertes et une remise de trophée du Plus Grand Castrateur de Porcelets de France n’ont pas non plus permis de faire réagir Bigard qui, de par sa position dominante en France en ce qui concerne l’abattage et la découpe de porcs et son obstination à pratiquer cette mutilation, empêche plusieurs acteurs de l’aval de se tourner vers le mâle entier ou le mâle vacciné.
En effet, le groupe accorde une plus-value aux éleveurs qui pratiquent la castration chirurgicale (+ 0,02 euro/kg) tout en pénalisant les carcasses de mâles entiers (- 0,23 euro kg). Une politique tarifaire qui incite les éleveurs à continuer de castrer physiquement les porcelets tout en dévalorisant les alternatives.
Les professionnels en première ligne
Welfarm a créé le Castra-Score afin d’interpeller les professionnels de la filière porcine car l’association considère que ce sont les premiers à pouvoir faire changer les choses en matière de castration. C’est à la grande distribution et aux marques qu’incombe la responsabilité de demander des améliorations des pratiques d’élevage des porcs, en poussant leurs fournisseurs à développer leur offre en porcs mâles non castrés physiquement.
L’interdiction de la castration à vif des porcelets est entrée en vigueur le 1er janvier 2022. La castration sous anesthésie et analgésie est toujours pratiquée sur 75 % des porcs abattus en France, selon les chiffres de l’Ifip-Institut du porc. Le but de cette mutilation est d’obtenir une viande plus grasse et de prévenir l’apparition d’une odeur désagréable lors de la première cuisson, pouvant impacter moins de 3 % des carcasses de mâles entiers.
Cet acte chirurgical entraîne de vives douleurs chez l’animal, à la fois pendant et après l’opération. La présence d’un vétérinaire n’est pas obligatoire lors de cette intervention, ce qui laisse planer le doute sur les conditions dans laquelle elle est réalisée. L’anesthésie et l’analgésie nécessitent de surcroît un temps d’attente pour être efficaces, ce qui est incompatible avec les cadences de travail des élevages intensifs où les porcelets sont castrés à la chaîne.