Après l’élection présidentielle, la campagne Engagement Animaux 2022, issue de la collaboration de 30 ONG dont Welfarm, s’est poursuivie pour les législatives. Parmi les 410 candidats ayant signé la charte Engagement Animaux 2022, 30 députés engagés ont été élus à l’Assemblée nationale. Un signe encourageant pour l’amélioration de la condition animale après un premier quinquennat d’Emmanuel Macron décevant sur le sujet.
Pour la première fois, une législature démarre avec des députés déjà publiquement engagés en faveur de la cause animale, un grand motif de satisfaction.
Le sort des animaux se joue à l’Assemblée nationale
Les 12 et 19 juin, les Français ont été appelés à élire les 577 députés de l’Assemblée nationale. Une nouvelle occasion pour la campagne Engagement Animaux 2022 de placer le bien-être animal au centre des débats. Détenteurs du pouvoir législatif, les députés ont le pouvoir de voter des lois et de proposer des amendements en faveur de mesures ayant un impact positif sur les animaux. Ils pourront également, entre autres, interpeller le gouvernement et lui demander des comptes.
C’est pourquoi, afin d’améliorer le sort des animaux au cours des 5 prochaines années, les 30 ONG réunies pour la campagne Engagement Animaux 2022 ont adressé 22 mesures prioritaires aux partis et candidats aux élections législatives. Ces 22 mesures étaient réparties au sein de six thématiques, dont une intitulée « Élevage, transport et abattage ». Sur ce volet qui concerne particulièrement Welfarm, les candidats ont été invités à se prononcer sur les quatre mesures suivantes :
ꟷmettre fin à tout élevage en cage ;
ꟷexclure le soutien de l’État à toute production ne respectant pas un niveau acceptable de bien-être animal ;
ꟷinterdire les longs transports et exportations d’animaux vivants vers les pays tiers à l’UE ;
ꟷinterdire les pires pratiques d’abattage (abattage sans étourdissement et de femelles à un stade avancé de gestation).
La fin de l’élevage en cage ne fait pas l’unanimité parmi les 30 députés engagés
Les 30 députés engagés, issus de différents partis, ne témoignent pas tous d’un intérêt identique pour l’ensemble des thématiques. Parmi les mesures auxquelles certains candidats n’ont pas adhéré, on retrouve les sujets qui ont fait débat pendant la présidentielle, à savoir : l’interdiction de la chasse deux jours par semaine dont le dimanche, les jours fériés et les vacances scolaires, l’interdiction de la corrida et des combats de coqs – certains ont choisi de s’engager uniquement sur interdiction pour les moins de 16 ans – et la fin de l’élevage en cage d’ici 2027 au profit de l’accès au plein air.
Les députés issus de la NUPES valident toutes les mesures qui concernent l’élevage
Parmi les 30 députés qui se sont engagés, 22 sont issus de la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale (NUPES), 7 d’Ensemble (majorité présidentielle). Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) et Olivier Falorni (Divers gauche) complètent cette liste.
Tous les députés de la NUPES ont validé l’ensemble des mesures du volet « élevage » de la charte Engagement Animaux. Sur les sept députés d’Ensemble, trois ne s’engagent pas en faveur de la mesure 5 : « Mettre fin à tout élevage en cage au profit de l’élevage avec accès au plein air d’ici 2027 ». Tout comme Nicolas Dupont-Aignan, deux députés d’Ensemble sont défavorables à la vidéosurveillance dans les abattoirs et à l’interdiction de l’abattage des femelles au-delà des deux tiers de leur gestation, ainsi que Nicolas Dupont-Aignan. Enfin, la mesure 7, l’interdiction des longs transports au sein de l’UE et des exportations d’animaux vivants vers des pays tiers (hors UE), ne reçoit pas l’approbation de trois députés d’Ensemble sur les sept engagés.
Sur l’ensemble des partis représentés dans l’hémicycle, les partis Europe écologie – Les Verts (EELV) (23 sièges) et Révolution écologique pour le vivant (1 siège) ont approuvé 100 % des mesures de la charte, la France Insoumise (71 sièges), 90 % et Débout la France (1 siège), 78 %. Les autres partis n’ont pas répondu.
Pour les animaux d’élevage, un premier quinquennat d’Emmanuel Macron décevant
Le président de la République, Emmanuel Macron, n’a pas souhaité s’engager sur la charte lorsqu’il concourait à sa réélection. Dans son programme, la seule mesure concernant les animaux indiquait : « mieux assurer le recueil des animaux de compagnie abandonnés ».
Le bilan de son quinquennat concernant les animaux d’élevage est décevant.
Des petits pas dans la bonne direction :
ꟷL’interdiction du broyage et du gazage des poussins mâles.
Le 5 février 2022, un décret visant à interdire le broyage et le gazage des poussins mâles provenant de la filière œufs a été publié. Les couvoirs ont jusqu’au 31 décembre 2022 pour s’équiper avec du matériel permettant l’ovosexage. Il s’agit de la détection du sexe de l’embryon, permettant de ne pas faire éclore les mâles. Cette interdiction ne concerne que les poussins mâles et pas les canetons femelles, qui continueront d’être broyées par l’industrie du foie gras.
ꟷL’interdiction de la castration à vif des porcelets.
La castration à vif (sans prise en charge de la douleur) des porcelets a bien été interdite au 1er janvier 2022. Cependant, cette mesure présentée comme satisfaisante par les pouvoirs publics est en réalité largement insuffisante. Aucun protocole d’anesthésie et d’analgésie ne permet de prendre totalement en charge la douleur des porcelets. Par conséquent, en 2022, environ 75% des porcs français, soit près de 9 millions d’individus, seront castrés dans de terribles souffrances.
Les promesses non tenues :
ꟷLa fin de l’élevage en cage repoussée aux calendes grecques.
Lors de sa campagne de 2017, Emmanuel Macron avait annoncé : « Je prends l’engagement d’interdire d’ici 2022 de vendre des œufs de poules élevées en batterie. » Il n’a pas tenu son engagement.
ꟷLa vidéosurveillance n’a pas été installée dans les abattoirs.
Emmanuel Macron avait également promis « la mise en place de la vidéosurveillance dans les abattoirs». Seule une expérimentation volontaire a été instituée.
Il est temps de passer à l’action
La campagne Engagement Animaux 2022 aura contribué à sensibiliser et mobiliser les candidats à la présidentielle et aux législatives. L’amélioration de la condition animale est désormais un sujet majeur du débat politique. La campagne est terminée mais Welfarm et les autres ONG veilleront à ce que les engagements se traduisent en nouvelles avancées en faveur des animaux.
Welfarm souhaite collaborer activement avec les députés nouvellement élus ou réélus pour améliorer la condition animale. Elle invite l’ensemble des députés à prendre en compte les attentes de la société sur ce sujet et à grossir les rangs des députés actifs et engagés en faveur des animaux.
Retrouvez le bilan de la campagne Engagements Animaux 2022 ICI