Expérimentation de la vidéosurveillance dans les abattoirs : un bilan en demi-teinte

Finalisé en juin 2021, le rapport sur l’expérimentation de la vidéosurveillance dans les abattoirs vient d’être publié. Côté positif : les exploitants « sont unanimement satisfaits du dispositif ». Côté négatif : un très faible nombre d’abattoirs se sont portés volontaires pour le tester. Welfarm plaide elle pour « une mise en place systématique de caméras à toutes les étapes du processus d’abattage où les animaux sont manipulés ».

Une expérimentation dans le cadre de la loi EGalim de 2018

Dans son article 71,  la loi Agriculture et Alimentation (EGalim)1 prévoit « à titre expérimental et sur la base du volontariat, pour une durée de deux ans, un dispositif de contrôle par vidéo des postes de saignée et de mise à mort, visant à évaluer l’efficacité des protocoles et l’application de la réglementation du bien-être animal, est mis en œuvre ».

Dans ce contexte, le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) vient de publier le rapport d’évaluation de cette expérience. Welfarm était d’ailleurs pleinement impliquée dans le « Comité de suivi et d’évaluation de l’expérimentation du dispositif de contrôle par vidéo dans les abattoirs », auteur du rapport pour le compte du CGAAER.

Seuls cinq abattoirs ont participé à l’expérimentation

Sur les 265 abattoirs2 implantés en France, seuls cinq se sont portés volontaires pour expérimenter la vidéosurveillance. Avec une base si faible, il est difficile de tirer des conclusions significatives du rapport du CGAAER.

« Le dispositif de contrôle par vidéo est un outil de progrès »

« Même si le nombre d’abattoirs enquêtés a été faible, il ressort de l’expérimentation que si les exploitants reconnaissent qu’ils ont pu être prudents, voire un moment donné réticents, pour installer un dispositif de contrôle par vidéo, ils sont unanimement satisfaits du dispositif qu’ils trouvent utile et pratique. Personne ne souhaite le supprimer », note le rapport du CGAAER, qui penche clairement pour une généralisation de cette pratique :

« Si la mise en place de caméras vidéo se banalisait et se généralisait, elle rentrerait sans doute dans la normalité en en faisant un des outils pertinents, à la disposition des professionnels, qui peut permettre de surveiller efficacement les animaux vivants jusqu’à leur mise à mort et particulièrement pour contrôler l’absence de signes de conscience. Le principe de focaliser les images sur l’animal ne pourra que faciliter son installation, son acceptation et son usage. »

Les auteurs du rapport en concluent que « le dispositif de contrôle par vidéo est un outil de progrès qui permet de réduire les non-conformités éventuelles dans les procédures de maîtrise de la protection animale en abattoirs ».

Welfarm souhaite « une mise en place systématique »

Pour Pricillia Durbant, chargée d’Études Bien-être animal pour Welfarm, « tout moyen supplémentaire pour élargir les contrôles est bon à prendre. Nous souhaiterions une mise en place systématique des caméras à toutes les étapes du processus d’abattage où les animaux sont manipulés. Évidemment, il faut que ces images soient exploitées par une personne compétente qui puisse faire remonter toute anomalie qui impacterait la protection animale, afin de la corriger. » Selon l’experte de Welfarm, ces caméras seraient également un excellent outil dans le cadre de la formation interne : « Les images obtenues peuvent servir à former les opérateurs et à leur présenter les bonnes ou mauvaises pratiques, et ce dans leur propre environnement de travail, avec les structures et équipements qu’ils utilisent au quotidien. »

Monsieur le président, tenez votre promesse de campagne de… 2017

La vidéosurveillance dans les abattoirs est une revendication de longue date de Welfarm et des associations de protection animale. Mais elle est aussi une vieille promesse du président de la République. En 2017, celui qui n’était alors que candidat pour un premier mandat, s’est engagé à instaurer le contrôle vidéo obligatoire dans les abattoirs. Cinq ans plus tard, les animaux d’élevage attendent toujours.

1 LOI n° 2018-938 du 30 octobre 2018 pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000037547946/2022-05-19/

2 Source : ministère de l’Agriculture. agriculture.gouv.fr/les-abattoirs-en-france-questions-reponses