Castration des porcelets : de nombreuses marques et enseignes refusent tout dialogue sur la question

Quelles sont les marques et enseignes engagées en faveur de l’arrêt de la castration physique des porcelets ? Quelles sont celles qui sont indifférentes à cette mutilation ? Pour répondre à ces questions, dans le cadre de sa campagne #StopCastration, Welfarm a mis à jour son outil d’évaluation des marques et des enseignes de grande distribution : le Castra-Score.

Entreprises qui bloquent la castration des porcelets

Le Castra-Score, un outil pour suivre les engagements des marques et enseignes

Depuis l’automne 2021, l’ONG Welfarm a rencontré d’importants acteurs de la filière porcine afin de leur demander de prendre position contre la castration physique des porcelets. À la suite de ces échanges, Welfarm a conçu le Castra-Score : un outil disponible gratuitement en ligne permettant de découvrir, via un système de notation, les marques et enseignes les plus engagées contre cette mutilation. Le Castra-Score est actualisé régulièrement.

Les marques et enseignes qui refusent tout dialogue

Aldi, Cora, Bigard, Jean Floc’h, Porc Montagnes, Biomonde, Les comptoirs de la bio et NaturéO n’ont jamais accepté de rencontrer Welfarm sur cette question malgré nos nombreuses sollicitations.

Le cas du géant de la viande Bigard

Le groupe Bigard, leader du marché français de l’abattage et de la découpe des porcs, s’obstine à pratiquer cette mutilation. Il accorde une plus-value aux éleveurs qui maintiennent la castration physique des porcelets (+2cts/kg) tout en pénalisant les carcasses de mâles entiers (-23 cts/kg). Il s’agit d’une manœuvre pour inciter les éleveurs à continuer de castrer physiquement les porcs et dévaloriser coûte que coûte les alternatives. En dominant le marché, Bigard empêche les transformateurs et la grande distribution, en particulier ceux qui ne disposent pas de leurs propres outils d’abattage, de se tourner vers le mâle entier ou le mâle vacciné.

Le 22 mars dernier, Welfarm, après maintes tentatives infructueuses de nouer le dialogue, a publié une tribune enjoignant Bigard de laisser à ses partenaires le choix des alternatives à la castration. L’association s’est heurtée à un mur. Le 19 octobre, Welfarm a mis une nouvelle fois la pression. Devant le siège social de Bigard, à Quimperlé dans le Finistère, elle a organisé une cérémonie de remise du trophée du plus grand castrateur de porcelets de France.

Bigard ne peut plus se permettre de faire la sourde oreille face aux attentes des consommateurs alors que 85%1 des Français sont défavorables aux mutilations pratiquées sur les cochons (coupe des queues, meulage des dents, castration). Le groupe breton ne doit pas non plus être un frein à l’évolution de la filière : de 2016 à 2020, la part des porcelets castrés est passée de 85% à 75%2.

Brocéliande en tête

Brocéliande arrive en tête du classement du Castra-Score, étant la seule marque française engagée publiquement à garantir près de 100% de porcs mâles entiers dans ses produits. Elle est suivie de près par un nouvel arrivant dans notre classement  : la marque Bordeau Chesnel, célèbre pour ses rillettes, qui s’approvisionne aussi à 100% en viande de femelles ou de porcs mâles non castrés. Viennent ensuite la marque Madrange, puis les deux géants du secteur : la marque Herta qui s’est engagée publiquement en faveur de l’arrêt de la castration pour ses produits d’ici fin 2023 et la marque Fleury Michon qui travaille avec ses partenaires pour atteindre 100% de porcs non castrés.

Les professionnels de la filière ont un rôle décisif à jouer

Si Welfarm interpelle les professionnels de la filière porcine, c’est que les cartes sont aujourd’hui entre leurs mains. Welfarm considère que c’est à la grande distribution et aux marques qu’incombe la responsabilité de demander des améliorations des conditions de vie des porcs en poussant leurs fournisseurs à développer leur offre en porcs mâles non castrés.

La castration, pas le seul critère de bien-être animal

Si le Castra-Score prend uniquement en compte les positions des marques et des enseignes vis-à-vis de la castration, Welfarm rappelle que d’autres paramètres d’élevage comme l’arrêt de la coupe des queues et l’accès à l’extérieur sont des indicateurs tout aussi importants en matière de bien-être animal.

9 millions de porcelets sont castrés chaque année en France

Le 1er janvier 2022, est entrée en vigueur l’interdiction de la castration à vif des porcelets. Cependant, la castration sous anesthésie et analgésie est toujours pratiquée sur 75% des porcs abattus en France3. Le but est d’obtenir une viande plus grasse et prévenir l’apparition d’une odeur désagréable lors de la première cuisson pouvant impacter moins de 3% des carcasses. Il s’agit d’une procédure stressante qui entraîne de vives douleurs chez l’animal, à la fois pendant et après l’opération. La présence d’un vétérinaire n’est pas obligatoire lors de cette intervention chirurgicale pour en assurer le bon déroulement. L’anesthésie et l’analgésie nécessitent de surcroît un temps d’attente pour être efficaces, ce qui est incompatible avec les cadences de travail des élevages intensifs où les porcelets sont castrés à la chaîne.


1 Sondage Yougov de 2017 (source : L214)

2 Chiffres de 2020 de l’IFIP (Institut technique agricole pour la filière porcine)

3 Chiffres de 2020 de l’IFIP (institut technique agricole pour la filière porcine)