Welfarm salue les conclusions du dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture qui vont dans le sens d’une meilleure prise en compte du bien-être des animaux d’élevage. Le rapport issu de ces concertations exhorte notamment la Commission européenne à respecter ses engagements en révisant la législation sur le bien-être animal et en mettant fin à l’élevage en cage dans l’Union.
En réponse à la pression croissante du secteur agricole et aux manifestations d’agriculteurs qui ont eu lieu à travers l’Europe début 2024, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a lancé en janvier de cette année un dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture.
Ce dialogue a réuni 29 fédérations majeures du secteur agroalimentaire, du monde scientifique et universitaire, et de la société civile. Eurogroup for animals, association représentant les organisations de protection animale européennes dont Welfarm est membre, a participé aux concertations afin de porter la voix des animaux d’élevage.
L’objectif du dialogue était d’aboutir à un rapport consensuel sur l’avenir de l’agriculture, et donc de l’élevage.
Contributions importantes en matière de bien-être animal
Le 4 septembre 2024, au bout de huit mois de consultations, ce rapport a enfin été publié. Welfarm se félicite que le texte apporte des contributions importantes en matière de bien-être des animaux d’élevage. Un consensus de toutes les parties a été trouvé sur les points suivants :
- la nécessité de publier d’ici à 2026 les trois volets manquants de la révision de la législation européenne sur le bien-être animal et d’une sortie progressive de l’élevage en cage, conformément aux engagements de la Commission européenne ;
- la reconnaissance que la transition vers des modes d’élevages plus respectueux du bien-être animal doit-être soutenue par l’argent public, notamment par la Politique agricole commune ;
- la nécessité d’un système européen d’étiquetage du bien-être animal sur les produits laitiers et carnés afin que les consommateurs puissent prendre en compte ce paramètre lors de leurs actes d’achat ;
- l’adoption de conditions d’importation conformes aux règles de l’Organisation mondiale du commerce dans le droit de l’Union européenne , notamment en faveur du bien-être animal ;
- un appel à des politiques publiques qui garantissent l’accessibilité de produits alimentaires durables et sains à des tarifs abordables, tout en rééquilibrant la consommation de protéines animales et végétales ;
- une demande de révision de la directive de 2014 sur les marchés publics pour que le prix ne soit plus le critère principal des achats publics, en particulier en restauration collective. À la place, la nouvelle directive devrait prendre en compte plusieurs aspects en plus du côté économique, et notamment le bien-être animal.
Sur ce dernier point Welfarm souligne qu’en France, la loi Egalim du 30 octobre 2018 prévoyait pour tous les établissements publics d’atteindre, au 1er janvier 2022, un taux de 50 % de produits de qualité et durables, dont au moins 20 % de produits biologiques, dans la composition des repas servis. La loi Climat et Résilience du 22 août 2021, quant à elle, fixait pour objectif d’atteindre 60 % de produits durables et de qualité pour les viandes et poissons au 1er janvier 2024. Toutefois, ces textes admettent parmi les produits « de qualité et durables » des labels alimentaires et signes de qualité qui ne garantissent pas nécessairement le bien-être des animaux.
Dans le cadre de sa démarche ETICA, Welfarm propose un accompagnement personnalisé et gratuit à destination des professionnels de la restauration collective, afin de les aider à déterminer quels labels et signes de qualité contribuent à un niveau de bien-être animal satisfaisant.
Texte non contraignant
Si les recommandations listées ci-dessus vont dans le bon sens, le chemin est encore long et incertain. En effet, Ursula von der Leyen a déclaré qu’elles seront analysées et utilisée pour préparer sa feuille de route concernant les politiques agricoles. Feuille de route qu’elle présentera dans les 100 jours suivant la nomination du nouveau collège des commissaires européens.
En clair, rien n’oblige la présidente de la Commission européenne à reprendre telles quelles les recommandations issues du dialogue stratégique.
Welfarm espère toutefois que l’exécutif européen entendra le résultat de ces concertations et qu’il réaffirmera sa volonté de réviser la législation sur le bien-être animal et de sortir progressivement de l’élevage en cage, comme il s’y était engagée en 2021, en réponse à l’initiative citoyenne européenne « Pour une nouvelle ère sans cages ».