Le 22 mars dernier, Welfarm annonçait entrer en campagne pour les animaux d’élevage aux côtés de sa fédération Eurogroup for Animals et des 69 autres ONG membres de celle-ci. Armée de ses 7 revendications clés, Welfarm dénonce ainsi les faiblesses de la législation et appelle la Commission européenne à revoir les textes propres à la protection animale dans le cadre de la stratégie européenne « De la ferme à la table ». Jusqu’au mois de septembre prochain, Welfarm consacrera à chacune de ses revendications un focus mensuel destiné à souligner les manques des textes actuels et plaider pour la révision des normes applicables.
Ce mois-ci, Welfarm s’attarde sur les dangers de la claustration. La législation doit évoluer, afin de permettre aux animaux d’élevage d’avoir un meilleur milieu de vie : ils doivent avoir le droit de se mouvoir et d’accéder à l’air libre.
LA CLAUSTRATION : UNE PRATIQUE À MÊME DE NUIRE AU BIEN-ÊTRE DES ANIMAUX
Chaque année, des millions d’animaux d’élevage sont élevés en claustration au sein de l’Union européenne.
Dans les années 1990, le législateur européen s’est intéressé aux problématiques soulevées par certains élevages en cage, mais de manière timorée. L’évolution des textes qui ont été adoptés est urgente !
On peut citer, par exemple, les conditions d’élevage des poules pondeuses : bien que la directive 1999/74/CE du 19 juillet 1999 ait interdit l’utilisation des cages non aménagées pour ces oiseaux, le recours aux cages aménagées est autorisé par ce texte. En pratique, c’est ainsi près d’une poule sur deux qui vit encore en cage en France. Elles ne peuvent ainsi se mouvoir librement, explorer leur environnement, prendre des bains de poussière (faute de substrat adéquat ou en quantité suffisante) ou bien encore, se percher en hauteur.
De même, la directive 91/630/CE du 19 novembre 1991 mérite d’être rappelée, à titre d’illustration. Elle a interdit, à compter du 1er janvier 2013, l’utilisation de cases individuelles dans les élevages détenant des truies, pendant une partie de leur gestation. Cependant, ce texte n’empêche pas qu’elles soient gardées dans des logements, qui les empêchent de se mouvoir librement pendant leur insémination, puis les quatre semaines qui suivent (début de gestation). Cette directive permet également qu’elles soient gardées dans des logements inadaptés pendant la période d’allaitement des porcelets. Au total, les truies passent toujours la moitié de leur vie dans des cases qui ne leur permettent pas de marcher, voire de se retourner. Elles mettent toujours bas dans des cages qui les empêchent de préparer un nid et de s’occuper de leur portée, comme elles le feraient naturellement.
Qui plus est, l’élevage d’autres animaux n’est à ce jour régi par aucun texte, ce qui facilite leur claustration. Les exemples ne manquent pas.
Il en va ainsi des dindes. 97 % d’entre elles sont, à ce jour, élevées en France de manière intensive : enfermées dans des bâtiments, elles n’ont aucun accès à l’extérieur. Confinées dans des hangars dépourvus d’aménagements adaptés (perchoirs, plateformes surélevées), elles sont trop souvent entassées : la densité moyenne en élevage standard est ainsi de 8 dindes / m².
Le milieu de vie des vaches laitières n’est pas davantage encadré, alors même que la France est le deuxième producteur européen de lait de vache. Pourtant et bien qu’il reste minoritaire en France, leur élevage en bâtiment sans aucun accès au pâturage tend à se développer. La ferme des 1 000 vaches, dont le projet avait été dénoncé par Welfarm et le collectif Novissen, en était une illustration éloquente.
De leur côté, les lapins vivent dans des cages dans lesquelles ils disposent d’une superficie équivalant à une feuille A4.
LA CLAUSTRATION : UNE PRATIQUE À OUBLIER
En 2018, la Commission n’a eu d’autre choix que de prendre acte des préoccupations du public à l’égard de l’élevage en cage : elle a accepté d’étudier l’initiative citoyenne européenne « Pour une nouvelle ère sans cage », qui a recueilli 1,4 million de signatures au sein de l’Union. Cette initiative est, à ce jour, en débat au sein des institutions européennes. Dans le cadre de sa stratégie « De la ferme à la table », elle a par ailleurs reconnu qu’il était nécessaire de revoir certains textes propres à la protection animale.
Il est donc temps que les cages, et plus largement, les systèmes de claustration qui nuisent au bien-être des animaux, soient abandonnés.
C’est pourquoi Welfarm appelle la Commission à porter des propositions législatives ambitieuses :
- en révisant la directive générale sur la protection des animaux dans les élevages, ainsi que les textes encadrant de manière spécifique la protection des poules pondeuses, poulets de chair, veaux et porcs ;
- en adoptant des normes au profit des animaux qui sont, à ce jour, oubliés par le législateur tels que les dindes, les lapins, les vaches laitières, etc.
Cette révision des textes européens permettrait que les dispositifs de claustration néfastes au bien-être des animaux ne soient que de lointains souvenirs.
Loin d’être une utopie, des solutions existent pour parvenir à cet objectif !
Parmi les alternatives possibles, citons notamment celles-ci :
- pour les poules pondeuses et poulets de chair : l’accès à un parcours extérieur, ou a minima aux jardins d’hiver, pourrait devenir la règle ;
- en plus de leur garantir un accès au plein air, les truies gestantes pourraient mettre bas dans de petits enclos qui leur permettraient de se déplacer et de nidifier : les cases de maternité libres ;
- les densités et la taille des groupes de dindes pourraient être encadrées, les bâtiments aménagés de manière à répondre à leurs besoins et l’accès à un parcours en extérieur, ou a minima à un jardin d’hiver, pourrait leur être garanti ;
- pour les vaches laitières et les lapins, l’adoption d’une législation permettrait d’encadrer au sein de l’Union leurs conditions d’élevage et leur assurer un accès à l’air libre dans les exploitations.
Aidez-nous à porter nos demandes et à appeler la Commission à élaborer des propositions à même d’offrir un bon environnement aux animaux d’élevage !
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