Projet Farinelli : développer des alternatives à la castration des porcs en bio

Welfarm est partenaire du projet Farinelli, qui travaille notamment à des alternatives à la castration des porcelets. Les résultats finaux seront divulgués prochainement, mais des pistes ont déjà été dévoilées pour réduire l’occurrence de carcasses odorantes.

Porcs sur paille
© Kadmy

Lancé en janvier 2020, le Casdar1 Farinelli vise à améliorer le bien-être des porcs mâles en recherchant des alternatives à la castration telle qu’elle est pratiquée actuellement. Ce projet réunit un large consortium d’acteurs, et est piloté par la Fnab2, l’Itab3 et Forebio4, avec le soutien du ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire. Welfarm est partenaire de ce Casdar et fait partie du comité de pilotage.

Un projet en deux axes

Le projet Farinelli a pour objectif d’améliorer les pratiques des éleveurs en agriculture biologique concernant la castration des porcelets. Il s’articule autour de deux axes :

– développer l’élevage des porcs mâles non castrés et la valorisation de leurs carcasses – axe sur lequel Welfarm travaille ;

– améliorer la prise en charge de la douleur lors de l’acte de la castration et en post-opératoire.

Comment réduire le taux de carcasses odorantes ?

Un des arguments avancés par les opposants à l’arrêt de la castration des porcelets est le risque d’odeurs désagréables pouvant apparaître à la cuisson des viandes issues de porcs mâles entiers. Des odeurs qui peuvent conduire à un rejet de ces viandes par certains consommateurs.

Pourtant, ces odeurs dites « de verrat » impactent en moyenne moins de 3 % des carcasses de porcs non castrés.

Les leviers d’actions existants pour réduire le nombre de carcasses odorantes (réduction de l’âge à l’abattage, alimentation adaptée, conduites d’élevage…) peuvent, à divers degrés, être envisagés en agriculture biologique. Une étude propre à l’élevage bio était donc nécessaire en complément de celles menées en élevage conventionnel sur le sujet.

Les principales molécules responsables des odeurs de verrat sont l’androsténone et le scatol. La première est une hormone d’origine testiculaire qui peut être réduite par la sélection génétique ; la seconde est produite dans l’intestin des porcs et les principaux leviers de réduction sont l’alimentation des animaux et la propreté de leur logement.

1. L’alimentation

En ce qui concerne le levier « alimentation », l’apport de fibres limite le risque de carcasses odorantes en réduisant la production et l’absorption intestinale de scatol.

Selon les premières conclusions du Casdar Farinelli, « les fibres ne sont pas digérées dans l’intestin grêle et parviennent dans le gros intestin (caecum et côlon) où elles sont utilisées et fermentées par les micro-organismes. L’intérêt de l’apport de fibres dans l’alimentation des mâles non castrés est de favoriser les fermentations de type glucidique au détriment des fermentations protéiques, orientant ainsi la nature des populations microbiennes présentes. Le scatol étant issu des fermentations protéiques, la présence de fibres dans l’aliment ralentit sa production ».

Un taux de cellulose brute supérieur à 6 % dans l’aliment distribué pendant les deux dernières semaines d’engraissement peut être recommandé.

2. La propreté des logements

Améliorer la propreté des cases et la qualité de l’air ambiant tout en évitant une chaleur excessive permet de réduire l’absorption du scatol et donc le risque d’odeur de verrat.

Les porcs utilisent différentes zones pour exprimer leurs comportements : repos, exploration, alimentation et déjection. Il est particulièrement important de bien différencier ces zones pour le bien-être des porcs et pour limiter la teneur en scatol dans leur organisme.

Selon les premières conclusions du projet Farinelli, « une partie très importante du scatol est rejetée dans les fèces. En présence importante dans la litière, la molécule peut être absorbée par voie cutanée (contact de la peau avec la litière souillée) et par voie respiratoire (molécule volatile). Ces problèmes sont particulièrement cruciaux en été quand les animaux ont chaud. En effet, les porcs ne transpirent pas et doivent se mouiller pour se rafraîchir. En l’absence de bauge (engraissement majoritairement en bâtiment), les porcs se roulent dans leurs déjections. […] Pour limiter l’absorption [du scatol] par la peau, il est recommandé de maintenir la case et la courette propres afin d’éviter que les animaux ne se souillent avec leurs fèces. »

Une attention particulière doit ainsi être apportée à la propreté des zones de déjection en fin d’engraissement. Un raclage des courettes est fortement recommandé.

Il est également important de renouveler la paille régulièrement dans les autres zones.

La castration n’est pas une fatalité !

Les premiers résultats du projet Farinelli prouvent qu’il est tout à fait possible d’élever des porcs mâles non castrés en agriculture biologique tout en conservant un taux acceptable de carcasses odorantes.

Pour plus d’informations, un webinaire intitulé « Élever et valoriser des porcs mâles non castrés en agriculture biologique » est organisé le 11 mars 2024 par les acteurs du projet Farinelli. Inscription ici.

Certaines marques et enseignes ont fait le choix de commercialiser des produits à base de porcs non castrés. Pour les découvrir, consultez notre outil d’évaluation des marques : le Castra-score.

(1) Compte d’affectation spéciale développement agricole et rural

(2) Fédération nationale d’agriculture biologique

(3) Institut technique de l’agriculture biologique

(4) Fédération des organisations économiques 100 % bio