Alors que des rumeurs couraient depuis plusieurs mois sur un nouvel arrêté portant sur la castration des porcs mâles, le ministère de l’Agriculture a publié un nouveau texte sur la question le 19 novembre 2021. Welfarm, qui a lancé sa campagne #StopCastration le 4 novembre dernier à Paris, est loin de se réjouir de cette nouvelle. La raison ? Cet arrêté permet encore très largement de recourir à cette mutilation. Bien qu’elle soit présentée comme une exception, rien ne change !
LA CASTRATION DES PORCELETS, UNE PRATIQUE QUI DEVRAIT ÊTRE DEPUIS LONGTEMPS INTERDITE
On se souvient que selon l’arrêté du 24 février 2020, la castration à vif des porcelets devrait être interdite le 1er janvier 2022. Tout en saluant cette avancée, Welfarm avait déploré la faiblesse de ce texte qui préconisait, à titre de mesure de remplacement, le recours à la castration avec anesthésie et analgésie.
Le 4 novembre dernier, Welfarm est donc à nouveau entrée en campagne pour dénoncer cette mutilation. En France, ce sont en effet près de 9 millions de porcelets qui sont castrés chaque année. Réalisée de manière quasi-systématique, les défenseurs de la castration physique des porcelets expliquent que cette pratique permettrait de prévenir l’apparition d’une odeur désagréable lors de la première cuisson de la viande (« odeur de verrat »). Ce problème ne concerne pourtant pas plus de 3% des carcasses en élevage standard. Les professionnels vétérinaires (SNGTV/AVPO) estiment également qu’il n’existe aucune méthode satisfaisante de gestion de la douleur lors de la castration1. Une vidéo publiée le 19 août dernier par une association d’éleveurs2 a pour sa part montré les inconvénients que le recours à la castration suscite pour les éleveurs et fait douter de la bonne application des protocoles si cette méthode venait à être généralisée dans les élevages.
Or, loin de mettre un terme à la castration des porcelets, le ministère de l’Agriculture vient de publier un nouvel arrêté qui pérennise cette pratique. On comprend pourquoi les ONG de protection animale n’ont pas été invitées lors des discussions qui ont entouré l’élaboration de ce texte, contrairement à ce qui se pratique souvent lorsqu’est en cause le bien-être animal…
UN ARRÊTÉ QUI ENTÉRINE LE RECOURS Á LA CASTRATION
En apparence, à compter du 1er janvier 2022, le recours à la castration avec anesthésie et analgésie devrait être exceptionnel. Le texte admet seulement en effet qu’« il ne peut être procédé à la castration des porcs domestiques mâles que » dans certains cas.
Dans le détail, cette exception s’apparente pourtant à une véritable une règle générale…
L’arrêté autorise :
- La castration « à des fins thérapeutiques ou de diagnostic » sans préciser la méthode de castration retenue. Les porcelets seront-ils de nouveau castrés à vif (sans prise en charge de la douleur) alors que depuis bientôt deux ans, le ministère multiplie les annonces portant sur la disparition de cette pratique au 1er janvier prochain ?
- La castration avec anesthésie et analgésie ou l’immunocastration dans certaines hypothèses. Ces méthodes sont permises par l’arrêté lorsqu’il s’agit d’une exigence posée par un cahier des charges d’un signe de qualité et de l’origine (SIQO : Label Rouge, bio, etc.) ou un contrat. Des « exigences de qualité » attendues par l’acheteur ou les consommateurs sont également suffisantes, une fois ces exigences « prouvées par tout moyen ».
À propos de ce second point, la mention de l’immunocastration est une bonne chose pour Welfarm : parce qu’il s’agit d’un vaccin indolore destiné à retarder la puberté des porcelets, l’ONG soutient depuis plusieurs années cette alternative en particulier pour la filière bio.
L’association regrette toutefois vivement que la castration avec anesthésie et analgésie soit toujours autorisée et ce, d’autant que le texte permet cette mutilation dans des cas finalement très étendus. Ouvrir aux SIQO le recours à cette mutilation est en particulier contre-intuitif : les consommateurs attendent des SIQO un niveau élevé de respect du bien-être animal et non des mutilations !
LES ALTERNATIVES Á LA CASTRATION DES PORCELETS
Dans ces conditions, Welfarm déplore ces nouvelles annonces et martèle ses messages auprès du ministre de l’Agriculture et de la filière porcine. En résumé :
- La castration physique des porcelets doit être interdite, y compris lorsqu’elle s’accompagne d’une anesthésie et d’une analgésie.
- Ce type de castration ne peut être autorisé qu’à titre temporaire, dans des cas précis qui le justifient et à condition d’être réalisée par un vétérinaire.
- À titre d’alternative, la castration physique des porcelets doit être remplacée à terme par l’élevage de porcs mâles entiers ou, à défaut, l’immunocastration.
Vous aussi, agissez contre la castration des porcelets !
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1 SNGTV et AVPO. 2020, 20 mars. Communiqué AVPO-SNGTV sur la castration des porcelets. SNGTV [En ligne] https://www.sngtv.org/4DACTION/NS2013_INDEX/7/1057/19364
2 Association pour le bien-être porcin, « Protocole de castration sous anesthésie obligatoire au 01/01/2022 », 19 août 2021, disponible sur YouTube.