À la suite des annonces de Culture Viande pour freiner l’arrêt de la castration en France, notre mascotte Couic le cochon est en colère : il en a assez d’être castré ! Dans notre pays, la castration physique des porcelets est encore pratiquée sur environ 75 % d’entre eux mais qu’en est-il chez nos voisins européens ? Bien décidé à en savoir plus, Couic a pris son balluchon et est parti faire le tour de l’Europe ces dernières semaines, en donnant des nouvelles sur nos réseaux sociaux…
1ère étape : le Royaume-Uni et l’Irlande
Le périple de Couic a commencé au Royaume-Uni et en Irlande. Très engagés contre la castration des porcelets, ce sont les champions européens de l’arrêt de cette mutilation. Au Royaume-Uni en effet, 100% des porcs mâles sont élevés entiers1 et en Irlande, c’est également le cas pour 90% d’entre eux.
Pourquoi sont-ils en haut du classement ? La raison est simple : Le Royaume-Uni et l’Irlande privilégient historiquement l’élevage de porcs mâles entiers. Ici pas de problème avec l’odeur incommodante « de verrat » : les porcs sont abattus un peu plus tôt qu’en France, avant la maturité sexuelle, et ne développent donc pas cette odeur liée à la production d’hormones à la puberté.
Au Royaume-Uni, l’arrêt de la castration des porcs a même été imposé par les cahiers des charges sur le bien-être des animaux établis dans les années 90. Un exemple positif pour le bien-être animal à imiter dans le reste des pays européens !
2ème étape : les Pays-Bas
Couic a ensuite visité les Pays-Bas. Environ 60% des porcs mâles sont élevés entiers aux Pays-Bas. Ils sont destinés à la grande distribution où toute la viande fraîche est issue de mâles non castrés, ainsi qu’à la transformation.
Ces chiffres encourageants s’expliquent en grande partie par les efforts de la grande distribution néerlandaise qui impose l’arrêt de la castration pour des raisons de bien-être animal. Un premier accord entre la grande distribution, les ONGs de protection animale et le ministère de l’Agriculture en 2007 a rendu obligatoire la castration avec anesthésie comme solution intermédiaire avant l’arrêt définitif de la castration. Un second accord en 2015 a permis d’atteindre 100% de viandes fraîches issue d’animaux non castrés en supermarché.
De plus, les enseignes de distribution néerlandaise imposent la non-castration des porcs en proposant uniquement de la viande issue de fermes engagées dans le label Beter Leven, qui vise à améliorer le bien-être des animaux via les conditions d’élevage et les pratiques des éleveurs. Dès le premier niveau de ce label (catégorie 1 étoile), la castration est interdite.
3ème étape : la Belgique
Par la suite, Couic s’est rendu en Belgique ! L’immunocastration2 est pratiquée pour presque 20% de la production de porcs mâles nés en Belgique. Un chiffre exceptionnel, sachant que la moyenne européenne de porcs mâles immunocastrés est de seulement 2% !
Le développement de l’immunocastration s’explique par les engagements pris par la grande distribution belge. Les chaînes de supermarché Colruyt et Delhaize ont en effet imposé la vaccination aux éleveurs qui les fournissent jusqu’en 2018. Depuis, seule Colruyt impose toujours la vaccination, Delhaize s’étant engagée sur la voie du mâle entier.
Comme en Belgique, la grande distribution française doit prendre officiellement position en faveur des alternatives à la castration physique des porcelets comme l’immunocastration !
4ème étape : l’Espagne et le Portugal
Après sa visite en Belgique, Couic a posé ses bagages en Espagne et au Portugal. En Espagne, 22 millions de porcs sont élevés entiers sans être castrés, soit environ 85% de la production de porcs mâles. D’excellents chiffres pour le plus gros producteur de porcs européens ! Au Portugal, ce sont plus de 90% de mâles qui sont laissés entiers (soit 2,9 millions de porcs).
Le poids des porcs au moment de leur abattage en Espagne est assez proche de celui de la France, et en augmentation constante ces dernières années. Il est donc bien possible de produire des porcs avec un poids d’abattage comparable à celui de la France sans les castrer !
Un point noir : les porcelets continuent d’être castrés à vif pour des productions haut de gamme de jambons secs issus de porcs lourds qui vont donner le jambon ibérique, dont le Pata Negra, ou le jambon Serrano.
5ème et dernière étape : retour en France
Après ce périple, Couic est finalement rentré en France. Hélas , le constat n’est pas le même ici…
Depuis le 1er janvier 2022, la castration à vif est certes interdite. Cette mutilation ne peut dorénavant être réalisée que dans certains cas, sous anesthésie et analgésie. L’arrêté qui encadre cette pratique reste cependant très insuffisant, puisque le recours à la castration demeure autorisé dans des cas finalement très étendus. Dans ces conditions, les porcelets continueront de souffrir, puisque même sous anesthésie et analgésie, la douleur lors de la castration n’est pas totalement prise en charge ! À cela s’ajoute d’autres problèmes comme les cadences importantes en élevage ainsi que le manque de formation des éleveurs pour effectuer une telle opération, ce qui laisse craindre une mauvaise application des protocoles.
Pire encore : le syndicat des entreprises françaises des viandes, Culture Viande, demande une dévalorisation de la viande de porcs mâles non-castrés à l’achat, afin de freiner l’arrêt de la castration.
Pourtant, comme le prouvent les voyages de Couic, l’arrêt de la castration physique des porcelets est possible.
Demandons à la France de rejoindre la liste des pays qui refusent cette mutilation inutile sur près de 9 millions de porcelets chaque année.
SIGNEZ LA PETITION SUR STOPCASTRATION.FR
1 Un porc mâle entier désigne un porc qui n’a pas été castré
2 L’immunocastration ou immunovaccination est un vaccin qui permet de retarder de manière temporaire la puberté des porcs, sans danger pour l’homme et indolore pour l’animal