Découvrez le témoignage de Laurent Guglielmi, éleveur de porcs et responsable des Cochonnailles du Haut-Bois, qui a choisi la méthode de la vaccination pour ne plus castrer ses animaux.
Depuis le 1er janvier 2022, il est interdit de castrer à vif les porcelets. Toutefois, bien qu’annoncée en grande pompe par le gouvernement, cette avancée réglementaire est très loin d’être satisfaisante. Les porcelets continuent d’être castrés sous anesthésie et analgésie, alors que ces produits ne prennent que partiellement en charge la douleur de l’animal et que les protocoles sont, dans les faits, très complexes à mettre en œuvre.
Ce sont ainsi 9 millions de porcelets qui continuent d’être castrés physiquement en France chaque année, soit 75% des porcs mâles. Cette mutilation continue d’être largement pratiquée pour obtenir une viande plus grasse et prévenir l’apparition d’une odeur désagréable lors de la première cuisson, pouvant impacter moins de 3% des carcasses de porcs non castrés.
Pourtant, des alternatives qui ont fait leur preuve existent ! Welfarm défend en priorité l’élevage de de porcs non castrés (aussi appelés porcs mâles entiers), accompagné d’une détection des carcasses odorantes à l’abattoir, et, à titre subsidiaire, l’immunocastration, une alternative vaccinale à la castration chirurgicale des porcs.
En France, une quarantaine d’éleveurs ont fait le choix de vacciner leurs porcs plutôt que de les castrer. Nous sommes ainsi partis à la rencontre de Laurent Guglielmi, éleveur de porcs vaccinés et responsable des Cochonnailles du Haut Bois. Dans ses élevages et les élevages partenaires, les porcs sont élevés sur paille. Ce système, alternatif à l’élevage de porcs en bâtiment fermés sur caillebottis, est plus favorable au bien-être des cochons car il offre un couchage confortable aux animaux, plus d’espace, et leur permet notamment d’exprimer leur comportement naturel de fouissage. Ces systèmes alternatifs permettent en outre d’éviter de couper la queue des cochons.
Découvrez son témoignage.
Pourquoi avoir choisi la vaccination ? Quels sont selon vous les avantages de cette méthode ?
Depuis que je suis installé, la castration des mâles n’était pas une solution satisfaisante pour le bien de nos cochons. Faire des mâles entiers n’était pas non plus une solution car il reste un pourcentage de mâles odorants que nous ne savons pas valoriser dans notre filière qualité. Lorsque la solution de vaccination des odeurs a été présentée par notre vétérinaire en 2015, nous avons immédiatement lancé un protocole d’essai qui s’est avéré très concluant. Nous avons généralisé la vaccination à tous nos mâles produits à partir de 2016 soit environ 10 000 mâles par an.
J’y vois 3 avantages :
- Fin de la castration et de la douleur liée à celle-ci et libération pour nous et nos collaborateurs de ne plus avoir à pratiquer la coupe des testicules…
- Amélioration de l’IC des mâles de 0.1 point (NDLR : IC signifie ici Indice de Consommation. Les porcs mâles entiers et vaccinés assimilent mieux la nourriture, ce qui permet des économies au niveau de l’achat de l’aliment),
- Amélioration des classements carcasses des mâles de 1.6 point de TMP
(NDLR : TMP signifie ici Teneur en Muscle des Pièces. Les porcs mâles entiers et vaccinés déposent plus de muscles et sont moins gras, ce qui permet une meilleure plus-value technique.).
Dans quelle mesure avez-vous dû modifier vos pratiques ?
Pas de modification de pratiques en dehors du sexage des cases mâles/femelles (NDLR: Séparer les mâles et les femelles permet d’éviter les problèmes de gestation non désirées des truies, peut réduire la production d’hormone liées à l’apparition de l’odeur de verrat et simplifier la conduite alimentaire).
Également, il faut être très rigoureux lors de la vaccination et ne pas hésiter à faire une troisième injection lors du contrôle 3 semaines après la deuxième injection si on a le moindre doute sur l’efficacité des 2 premières injections. On n’a pas le droit à l’erreur sinon on risque de produire un mâle entier odorant.
(NDLR : Deux injections de vaccin doivent être réalisées pour contrôler le risque d’odeur. Néanmoins, pour s’assurer de la bonne action du vaccin ou palier à une erreur humaine, une troisième injection peut être réalisée si des signes de puberté sont observés, par exemple si l’animal possède des testicules rouges et gonflés ou s’il se comporte comme un mâle entier).
Est-elle avantageuse économiquement ?
Oui car la vaccination améliore l’indice de consommation des mâles et leur TMP (NDLR : Teneur en Muscle des Pièces) très significativement dans nos filières d’élevage sur litière. Le gain est supérieur au coût du vaccin (main d’œuvre de la vaccination comprise).
Est-elle compatible avec la transformation de vos produits ?
Plus que compatible, très bénéfique car zéro défaut d’odeur depuis 2016 sans contrôle des carcasses à l’abattoir. Les porcs sont plus maigres à la découpe, d’où une meilleure valorisation lors de la commercialisation de nos produits et un meilleur rendement.
(NDLR : le TMP est favorisé dans l’équation de calcul du prix d’achat par l’abattoir)
Est-elle acceptée par vos clients ?
Depuis 2016, sur nos 400 clients professionnels réguliers, nous n’avons jamais eu de retour négatif ni sur notre choix de vacciner ni sur les produits finis. Au contraire, ils étaient très satisfaits que nous ayons solutionné le problème éthique de la castration.
Comme le montre Laurent Guglielmi, la vaccination des porcs présente de nombreux avantages tant pour le bien-être animal que pour les éleveurs. Tout comme l’élevage de porcs mâles entiers, la vaccination est donc une alternative à la castration physique des porcelets viable et fiable.
Ces deux alternatives pourraient être généralisées à une majorité de la production porcine française d’ici quelques années. Elles sont en effet déjà majoritaires chez nombre de nos voisins européens, demandées par une large part des éleveurs français car plus rentables, et acceptées par un nombre croissant de professionnels, comme l’indique le Castra-Score, notre évaluation des engagements des marques et des distributeurs.
Seuls quelques industriels bloquent encore la diffusion des alternatives à cette mutilation, tel que le groupe Bigard, leader du marché français de l’abattage et de la découpe des porcs. Notre association a contacté l’industriel à de maintes reprises, publié une tribune et même organisé une cérémonie de remise du trophée du plus grand castrateur de porcelets de France au pied de son siège social, mais elle s’est à chaque fois heurtée à un mur.
Vous aussi, faites entendre votre voix. Rejoignez le mouvement contre la castration des porcelets en soutenant notre campagne #StopCastration et en signant notre pétition !