Plusieurs carcasses de bovins ont été retrouvées sur les plages bretonnes ces dernières semaines, le long de la route empruntée par les navires de transport de bétail à destination de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient.
La dernière découverte date du 12 décembre 2023. Selon Ouest France, le cadavre d’un bovin a été trouvé sur la plage de Loc’h Roz, à Trégunc, dans le Finistère. La carcasse a été retirée le lendemain par les services techniques de la mairie.
Deux jours plus tôt, 10 décembre, deux randonneurs ont découvert le cadavre d’un taurillon échoué sur le littoral de Crozon, dans le Finistère.
Selon l’employé de la mairie de qui s’est chargé de l’évacuation de la carcasse, l’animal a été débagué. C’est-à-dire que sa boucle d’identification, que tous les animaux d’élevage portent à l’oreille, a été enlevée.
Pour lui, il s’agit d’un animal transporté sur un navire, mort durant le trajet et qui a été jeté par-dessus bord. « Il y a peu de chances que ce bovin s’amuse à s’enlever sa marque d’immatriculation avant de se jeter dans l’eau », a-t-il déclaré à France 3 Bretagne.
Interrogé par Welfarm, le ministère de l’Agriculture a indiqué avoir saisi la Brigade nationale d’enquêtes vétérinaires et phytosanitaires ainsi que l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement de la Gendarmerie nationale.
Traversées à hauts risques
Le 20 novembre 2023, alors qu’un navire de transport de bétail en provenance d’Irlande et à destination de Libye, le « Sarah M », avait dû jeter l’ancre dans la baie de Douarnenez quelques jours plus tôt en raison de vents violents, un taurillon a été découvert sur la plage de Tréogat un peu plus au sud sur le littoral breton.
Chaque année, l’Union européenne exporte par cargos des dizaines de milliers de bovins et d’ovins vers l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient. Ces animaux effectuent ainsi des trajets pouvant durer jusqu’à quinze jours en mer, sans la moindre surveillance vétérinaire à bord.
Pourtant, les risques pour les animaux sont multiples lors d’un transport en mer : manipulations violentes lors des chargements et déchargements ; incidences de la météo ; infrastructures inadaptées causant de multiples blessures ; stress thermique ; insuffisance des quantités de nourriture et d’eau ; accumulation des excréments…
S’ils se blessent lors du chargement, à bord du bateau ou s’ils tombent malades durant la traversée, ils ne peuvent pas être soignés correctement du fait de l’absence de vétérinaire à bord. Les pays de destination n’autorisant généralement pas le déchargement d’animaux morts sur leur territoire pour des raisons sanitaires, les cadavres sont jetés par-dessus bord.
Réglementation insuffisante
La Commission européenne a présenté le 7 décembre 2023 sa proposition de révision de la législation européenne concernant le transport d’animaux. Malheureusement, Bruxelles n’a pas jugé bon d’inscrire dans le texte la présence obligatoire d’un vétérinaire à bord des navires de transport de bétail, comme le souhaite Welfarm.
L’exécutif européen n’a pas non plus souhaité mettre fin aux exportations d’animaux d’élevage vers les pays tiers de l’Union européenne, une demande également portée par l’organisation de protection animale.
Du fait du manque d’ambition de ce nouveau texte, les souffrances endurées par les animaux lors de leur transport par voie maritime vont continuer, et avec elles le chapelet des cadavres s’échouant sur les plages du pourtour méditerranéen.
Pour mettre fin à leur calvaire, une fois de plus, Welfarm demande l’interdiction des exportations d’animaux vivants hors des frontières de l’Union européenne.
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