La Commission européenne a réalisé des audits dans les installations qui produisent de la viande chevaline à destination de l’Union européenne en Argentine et en Uruguay. L’objectif de ces audits est de s’assurer que la législation européenne en matière de sécurité alimentaire, de santé et de bien-être animal est bien appliquée. Si les problèmes de bien-être animal ont pu être masqués en raison de dates d’inspections connues à l’avance, de sérieuses lacunes concernant la traçabilité et la santé animale ont été mises en évidence.
Absence de traçabilité, traitements vétérinaires rendant la viande impropre à la consommation, animaux non identifiés en provenance de l’étranger, fausses déclarations… De sérieux problèmes ont été mis en évidence par les audits européens réalisés en novembre 2022 dans des installations argentines et uruguayennes qui produisent de la viande chevaline à destination de l’Union européenne (UE).
Les résultats de ces inspections ont été publiés fin octobre 2023.
• En Uruguay, ils soulèvent des inquiétudes quant à la solidité du système d’identification et de traçabilité. Selon le rapport, « le système de contrôle […] couvre les mouvements de chevaux avant l’abattage mais ne garantit pas une surveillance adéquate des mouvements entre exploitations qui ont une incidence sur la fiabilité des déclarations sous serment concernant les exigences relatives au lieu de séjour et à l’utilisation associée de médicaments vétérinaires ».
De son côté, « le système de traçabilité des chevaux vivants […] ne fournit pas les garanties nécessaires concernant les exigences relatives au lieu de séjour et les déclarations de traitement vétérinaire associées, à l’appui des attestations correspondantes contenues dans le modèle de certificat de l’UE […] ».
Enfin, « l’autorité compétente a identifié un nombre important de chevaux d’origine inconnue au sein d’une exploitation fournissant des chevaux destinés à un abattage pour l’UE, [ce qui] mis en parallèle avec la parution dans les médias d’informations concernant une enquête de police sur la contrebande de chevaux en provenance du Brésil, suscite de nouvelles inquiétudes quant à la solidité du système d’identification et de traçabilité ».
• En Argentine, des lacunes dans l’identification et la traçabilité des chevaux ont été révélées. Selon le texte, « le système d’identification des équidés en place rend impossible la traçabilité des chevaux vivants destinés à l’abattage au sein de l’UE, en particulier pendant la période de séjour de 180 jours requise avant l’abattage. Par conséquent, il ne saurait corroborer les garanties demandées en ce qui concerne les traitements vétérinaires associés. Les règles nationales en vigueur visant à garantir l’identification […] du groupe des équidés détenus dans les exploitations ne sont ni mises en œuvre comme exigé ni appliquées. L’identification individuelle des équidés, quelques jours seulement avant l’abattage, garantit leur traçabilité uniquement durant cette période restreinte ».
De plus, « les garanties relatives à la période de séjour requise et au respect des traitements vétérinaires reposent actuellement sur des déclarations sur l’honneur des propriétaires, jugées insuffisamment fiables voire fausses au cours de l’audit ».
Les limites d’audits annoncés à l’avance
Les audits dans les deux pays ont révélé peu de problèmes en matière de bien-être animal. Welfarm insiste sur le fait que ces inspections sont annoncées à l’avance, ce qui permet aux abattoirs et aux centres d’engraissement de dissimuler de mauvaises conditions de détention et d’abattage.
L’association a d’ailleurs relayé plusieurs enquêtes d’Animal Welfare Fondation/Tierschutzbund Zürich (ici et là), qui dénoncent les terribles souffrances subies par les chevaux en Argentine et en Uruguay.
Welfarm rappelle que les importations de viande chevaline en provenance du Brésil et du Mexique ont été interdites par la Commission européenne en 2015 après des audits ayant révélé des problèmes similaires en matière de sécurité alimentaire.
Les importations en provenance de ces pays doivent cesser
L’ONG demande que l’exécutif européen suspende de la même manière les importations de viande chevaline en provenance d’Argentine et d’Uruguay. La législation européenne doit être appliquée afin que les pays qui exportent vers l’UE respectent les standards européens en matière de sécurité alimentaire, de santé et de bien-être animal.
Welfarm agit également auprès des distributeurs français pour qu’ils bannissent de leurs linéaires la viande en provenance des pays qui ne respectent pas ces standards. L’enseigne Système U a ainsi résilié tous ses accords de commercialisation de viande chevaline origine hors UE à la suite de nos précédentes enquêtes sur la viande chevaline en provenance d’Australie et d’Amérique latine. L’association souhaite que les autres distributeurs suivent cet exemple.