Après avoir sollicité une rencontre avec le nouveau ministre, Welfarm a été reçue par Marc Fesneau le 7 juin, aux côtés d’autres associations de défense des animaux et de l’environnement. Notre directeur, Ghislain Zuccolo, a pu exposer directement nos revendications au ministre et afficher notre volonté de poursuivre le travail avec le ministère pour améliorer le sort réservé aux animaux d’élevage.
Welfarm avait adressé le 25 mai une lettre au ministre dans laquelle nous lui proposions une rencontre. C’est chose faite depuis le 7 juin. Le nouveau ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, entouré de membres de son cabinet, a reçu une dizaine d’ONG1 au ministère rue de Varenne à Paris pour une première prise de contact.
Évolution des modèles d’élevage, nouvelle génération et changement climatique
Notre directeur, Ghislain Zuccolo, a d’abord rappelé au ministre que la « montée en gamme » des différentes filières promise par Emmanuel Macron au début de son précédent mandat s’est révélée extrêmement partielle et très insuffisante en matière de bien-être animal.
Pour ce qui est du futur, la volonté de l’exécutif de renouveler les générations d’éleveurs se heurtera au refus par les jeunes des pratiques actuelles (castration des porcelets, poules élevées en cage…). Le bien-être animal est une condition indispensable à l’attractivité du métier, a alerté Ghislain Zuccolo. A cette fin, il est primordial d’intégrer cette thématique dans les programmes d’enseignement agricole et de formation continue.
L’évolution des modèles d’élevage, y compris en aquaculture, est par ailleurs rendue indispensable par le réchauffement climatique. L’augmentation des températures est synonyme de souffrances accrues pour les animaux et de surmortalité dans les élevages, un danger économique pour les éleveurs. Réduire les densités, assurer l’accès au plein air, soutenir la fin des cages et mettre en place un étiquetage du mode d’élevage sont autant d’outils au service de l’essor d’un nouveau modèle dans lequel les souffrances subies par les animaux seraient mieux prises en compte.
Le ministre veut avancer sur la castration des porcelets et l’ovosexage des poussins2
Dans ses réponses à Welfarm et aux autres ONG, Marc Fesneau a mentionné la castration des porcelets et l’ovosexage des poussins comme les deux chantiers les plus avancés en matière de bien-être animal. Welfarm se bat depuis des années pour mettre fin à la castration des porcelets et au broyage des poussins mâles. Nous ne pouvons que nous féliciter de la position du ministre. Du travail reste pour autant à faire, Welfarm souhaitant l’arrêt total de la castration des porcelets.
En revanche, ses propos quant à l’évolution des modèles d’élevage ne prêtent guère à l’optimisme. A ses yeux, les fermes-usines, symboles de l’agriculture intensive, ne concernent pas la France mais plutôt les pays étrangers. Rappelons toutefois qu’en France, 80% des animaux d’élevage n’ont pas accès à l’extérieur. Sur la question de l’étiquetage du mode d’élevage, Marc Fesneau s’est montré réservé du fait de la difficulté à apporter une information claire et lisible au consommateur.
Lors de cette rencontre, le ministre a également passé en revue les thèmes d’actualité que sont les conséquences de la guerre en Ukraine et le chèque alimentaire. Quant à la déclinaison française de la politique agricole commune (PAC), Marc Fesneau semble vouloir suivre les pas de son prédécesseur Julien Denormandie, malgré les critiques émises par la Commission européenne sur son volet bien-être animal.
Des réunions mensuelles, Welfarm souhaite s’investir dans la recherche en aquaculture
Le ministre de l’Agriculture a affiché sa volonté de se réunir mensuellement avec les différentes ONG et d’organiser des rencontres spécifiques sur le bien-être animal. Une occasion pour Welfarm de mettre en avant son expertise et les solutions concrètes que nous proposons pour faire évoluer les modes d’élevage.
Notre intervention a permis à Marc Fesneau de réaliser à quel point les canicules ont un impact sur le bien-être des poissons (température des bassins, déficit en oxygène…), lui qui était déjà conscient du problème pour les porcs et les volailles. C’est notamment pourquoi Welfarm réclame d’être associée aux réflexions de la direction des Pêches maritimes et de l’Aquaculture qui a entamé un travail pour améliorer le bien-être des poissons d’élevage dans ce domaine.
1 Greenpeace, Réseau Action Climat, WWF, Plateforme pour une autre PAC, LPO, FNH, FNE, Humanité et biodiversité, CIWF, Welfarm.
2 L’ovosexage est une technique qui permet d’éviter le broyage des poussins mâles en identifiant le sexe de l’embryon avant éclosion. Chaque année, 50 millions de poussins mâles sont tués en France car jugés inutiles pour l’industrie des poules pondeuses.