Mathieu Courgeau, paysan en Vendée et président de la plateforme Pour une autre PAC , dont Welfarm est membre, publie une lettre ouverte à 15 jours de la remise du Plan stratégique national (PSN) français à la Commission européenne. Cette déclinaison française de la politique agricole commune européenne (PAC) se doit de répondre à la crise sociale et environnementale traversée par le secteur.
Quatre fois moins de paysans en 40 ans, 30% des oiseaux des champs disparus depuis 30 ans. C’est avec ces deux symboles de la crise sociale et environnementale traversée par le secteur agricole que Mathieu Courgeau entame sa « Lettre ouverte aux citoyens qui attendent la concrétisation de la planification écologique ! ».
La France, un élève médiocre en Europe
Le nouveau mandat d’Emmanuel Macron a été placé sous le signe de la planification écologique. Pourtant, la première version du Plan stratégique national (PSN) français pour la PAC 2023-2027 a été sévèrement critiquée par la Commission européenne. « La PAC version française, pourtant la mieux dotée financièrement avec 9 milliards d’euros annuels, se fond dans la masse des élèves médiocres sur les enjeux environnementaux, de redistribution plus juste des aides, de bien-être animal, de transition de l’élevage, etc. »
De surcroît, en prenant pour prétexte le choc causé par la guerre en Ukraine et les menaces qu’elle ferait peser sur la souveraineté alimentaire mondiale, les tenants d’une agriculture productiviste et de l’élevage intensif œuvrent pour préserver leurs intérêts.
Un message adressé par Welfarm lors de sa rencontre avec le nouveau ministre de l’Agriculture
Pour le bien-être animal comme pour l’environnement, il est indispensable de sortir du « productivisme agricole », écrit le paysan et président de la plateforme Pour une autre PAC.
Un constat partagé par Welfarm, qui a présenté ses revendications au nouveau ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau, lors d’une rencontre à Paris le 7 juin dernier. La volonté du gouvernement de renouveler les générations d’éleveurs se heurtera au refus par les jeunes de l’élevage intensif et des pratiques actuelles (castration des porcelets, poules élevées en cage…). Le bien-être animal est une condition indispensable à l’attractivité du métier, a alerté notre directeur général, Ghislain Zuccolo.
« Le gouvernement peut encore rectifier le tir »
C’est pourquoi il est indispensable que la France revoie sa copie et fasse évoluer son plan stratégique national avant sa prochaine transmission à la Commission européenne.
Comme le rappelle Mathieu Courgeau dans sa lettre ouverte : « Le gouvernement peut (…) encore rectifier le tir et ainsi redonner des perspectives d’avenir à tous les paysans engagés dans la transition, mais aussi à celles et ceux qui se posent la question de franchir le pas d’exercer ce métier qui a tant de sens. »
Retrouvez la lettre ouverte de Mathieu Courgeau, paysan en Vendée et président de la plateforme Pour une autre PAC, publiée par Mediapart ICI.