Stop castration : WELFARM interpelle le ministre de l’Agriculture et rencontre les acteurs de la filière porcine

Depuis 2010, Welfarm agit contre la castration des porcelets. Cette année, nous demandons que des alternatives à la castration à vif véritablement respectueuses du bien-être des porcelets se généralisent dans la filière porcine. Fin juillet, nous avons ainsi interpellé le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie pour qu’il prenne des engagements à la hauteur des enjeux en cause. Nous avons ensuite demandé aux acteurs clés de la filière porcine de les rencontrer pour les accompagner dans cette transition. 

La castration des porcelets est une mutilation réalisée sur les porcelets de moins de sept jours pour obtenir une viande plus grasse, et prévenir l’apparition d’une odeur désagréable lors de la première cuisson pouvant impacter 3 à 5% des carcasses. Il s’agit d’une procédure stressante qui entraîne de vives douleurs chez l’animal, à la fois pendant et après l’opération. Des études ont montré que la douleur peut même durer pendant plusieurs jours. Welfarm se mobilise depuis des années contre la castration des porcelets. 

Dans ce cadre, nous avons en particulier écrit au ministre de l’Agriculture Julien Denormandie dans le but de nous entretenir avec lui à ce sujet. 

Welfarm interpelle le ministre

Il y a près de deux ans, Didier Guillaume, le prédécesseur de l’actuel ministre de l’Agriculture Julien Denormandie, annonçait la fin de la castration à vif des porcelets pour le 1er janvier 2022. Nous avions salué cette décision, après avoir mené pendant des années une campagne exigeant l’interdiction de cette pratique. Nous avions cependant déploré le manque d’ambition de l’arrêté qui interdisait la castration à vif de ces animaux en relevant que cette mesure était insuffisante pour protéger le bien-être des porcelets. 

L’arrêté du 24 février 2020, interdisant la castration à vif des porcelets pour le 1er janvier 2022, prévoit que les éleveurs de porcs puissent pratiquer les opérations de castration « dans des conditions et techniques fixées par instruction du ministre chargé de l’agriculture ». Or, cette instruction n’a toujours pas été publiée, à seulement quelques mois de l’échéance ! Dans ces conditions, Welfarm émet de sérieux doutes sur les modalités pratiques de la mise en œuvre de l’interdiction de la castration à vif. 

Welfarm a par conséquent demandé par courrier une rencontre avec le ministre de l’Agriculture pour faire valoir sa position : la castration physique1 des porcelets devrait être abandonnée à terme, y compris lorsqu’elle s’accompagne d’une anesthésie et d’une analgésie. Welfarm, en accord avec la profession vétérinaire, considère que l’interdiction de la castration à vif ne devrait être qu’une étape vers la fin de la castration physique des porcelets. Welfarm recommande ainsi le développement d’alternatives véritablement respectueuses du bien-être des porcelets, également susceptibles d’engendrer des gains économiques pour les éleveurs, comme l’élevage de mâles entiers (porcs non castrés) ou à défaut, l’immunocastration. 

La castration physique fait souffrir les porcelets

Dans notre courrier au ministre, nous lui rappelons que la castration physique des porcelets, fût-elle accompagnée d’une analgésie et d’une anesthésie, ne permet pas d’éviter complétement les souffrances infligées aux porcelets. D’une part, les molécules inoculées lors de l’anesthésie locale ne prennent que partiellement en charge la douleur au moment de la castration. Les études montrent que la molécule la plus efficace est la lidocaïne, mais elle ne dispose pas d’autorisation de mise sur le marché en France. D’autre part, l’analgésie est insuffisante à elle seule car elle ne permet pas de prendre en charge les effets de la douleur lors de l’intervention. 

De plus, l’anesthésie devrait être systématiquement réalisée par des vétérinaires pour pouvoir être correctement effectuée. En effet, les éleveurs n’ont pas reçu la formation adéquate pour exécuter avec justesse une anesthésie et il est impossible de reconstituer les conditions d’un cabinet vétérinaire dans un élevage. Sans la présence du vétérinaire, il est difficile de s’assurer de la bonne utilisation des produits et des pratiques des éleveurs au moment de l’injection.  

Enfin, la généralisation attendue de l’anesthésie locale suscite la défiance d’une part croissante d’éleveurs, en raison des surcoûts générés par cette pratique. L’association d’éleveurs « Pour le bien-être porcin et la non-castration des porcs » estime le manque à gagner à 9 euros par porc en 2022. Ces estimations sont à revoir à la hausse si, comme nous le demandons, un vétérinaire est appelé pour pratiquer l’anesthésie. 

La castration avec anesthésie et analgésie ne peut donc pas être considérée par les pouvoirs publics comme une solution satisfaisante sur le long terme. Dans l’instruction technique qui sera prochainement publiée par le ministre de l’Agriculture, Welfarm demande que l’anesthésie ne soit autorisée que de manière temporaire, à titre dérogatoire, dans certains cas précis où la mise en place immédiate d’alternatives serait trop complexe.

Les alternatives devraient être soutenues par le ministre

Dans son courrier, Welfarm demande au ministre de soutenir le développement de certaines alternatives à la castration physique des porcelets.

L’élevage de mâles entiers est la solution à privilégier car elle permet de laisser l’animal intact et préserve ainsi son bien-être. En outre, l’élevage de mâles entiers engendre un gain économique pour les éleveurs car il permet de réduire l’utilisation d’antibiotiques2 et car les animaux non castrés assimilent mieux la nourriture. Cette solution est donc non seulement la plus respectueuse du bien-être animal mais aussi la plus intéressante pour les éleveurs d’un point de vue économique. Elle se développe progressivement en France, en particulier sous l’impulsion de la coopérative Cooperl, mais devrait à terme être généralisée à la grande majorité de la production.

À défaut, Welfarm est également en faveur de l’immunocastration des porcelets. L’immunocastration agit par injection, comme un vaccin, bloque la puberté des porcs et évite le développement de carcasses odorantes. Effectuée correctement, l’injection est indolore pour les porcelets. Elle se distingue radicalement de la castration chimique qui, elle, est extrêmement douloureuse pour les animaux.

Ces solutions alternatives, réclamées par certains éleveurs, ne pourront toutefois pas être généralisées à grande échelle tant que certains maillons de la filière porcine refuseront de les considérer avec le sérieux qu’elles méritent. Certains industriels de la viande, comme le groupe Bigard, s’opposent au développement de ces alternatives respectueuses des animaux.

Pour justifier leurs refus, ces industries font valoir les attentes des consommateurs sur la qualité de la viande. Leurs arguments ne tiennent pourtant pas la route, comme nous vous l’expliquions dans un précédent article. Les travaux de l’IPEMA (Innovative Approaches for Pork Production with Entire Males) ont en effet montré la compatibilité des alternatives à la castration chirurgicale avec les demandes du marché en termes de qualité et de transformation de la viande. Elles ont également confirmé l’acceptabilité de ces alternatives par les consommateurs, d’autant plus que 85% des Français sont défavorables aux mutilations pratiquées sur les porcs, dont la castration, selon un sondage Yougov de 2017.

Welfarm rappelle dans son courrier au Ministre que les argumentaires de ces industries, faute d’être étayés par des travaux scientifiques unanimes, ne devraient pas freiner le développement d’alternatives indolores pour les animaux. Welfarm demande alors l’intervention du ministre pour que l’élevage de mâles entiers et l’immunocastration deviennent à terme les principales alternatives à la castration à vif des porcelets. 

En parallèle : Welfarm contacte la grande distribution et les professionnels de la filière porcine

En plus du courrier adressé au ministre de l’Agriculture, Welfarm a demandé aux acteurs clés de la filière porcine (abattage, transformation, distribution) de les rencontrer pour échanger à ce sujet. Alors qu’il ne reste quelques mois à la filière pour décider de ses orientations dans les prochaines années, nous proposons notre accompagnement vers le développement d’alternatives à la castration physique, dans une démarche constructive et de progrès. En retour, Welfarm attend que des engagements forts soient pris en faveur d’un plus grand respect du bien-être animal.

Pour défendre vous aussi les alternatives à la castration physique des porcelets, faites entendre votre voix : PARTAGEZ NOTRE ARTICLE !

Télécharger ici la version PDF du courrier que nous avons adressé à M. le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation Julien Denormandie

La castration physique des porcelets est une opération chirurgicale douloureuse et stressante pour le porcelet, même lorsqu’un anesthésique et un analgésique lui ont été administrés. En revanche, l’immunocastration est une méthode de castration indolore pour le porcelet car elle consiste en l’injection d’un vaccin « anti-odeurs »
2 L’absence de plaies liées à la castration empêche l’entrée de germes dans l’organisme ce qui induit une diminution de l’utilisation d’antibiotique