Plus d’un an après leur dernière enquête dans la région de Murcie, dans le sud de l’Espagne, Welfarm et deux autres organisations ont constaté de nombreux problèmes en matière de bien-être animal dans les parcs d’engraissement et dans le port de Carthagène, lors du chargement des animaux dans des navires à destination des pays tiers de l’Union européenne. Les ONG étaient accompagnées par la journaliste Camille Courcy, qui vient de mettre en ligne une vidéo sur cette enquête.
Une nouvelle enquête menée par Welfarm, AWF-TSB et Animals International, dans la région de Murcie, dans le sud de l’Espagne, en juin 2023, met en lumière les souffrances subies par les animaux lors de leur engraissement et de leur transport.
Bovins et ovins sont transportés par camions sous une chaleur écrasante, parfois pendant plusieurs jours, vers le port de Carthagène, pour être chargés, souvent violemment, sur des navires hors d’âges, à destination du Maghreb, du Moyen-Orient et de la péninsule arabique.
Une situation similaire à ce que les associations ont pu constater début 2022, lors d’une précédente enquête de terrain.
La journaliste Camille Courcy était au côté des membres des ONG lors de cette dernière enquête, et vient de publier une vidéo à ce sujet sur sa chaîne YouTube.
Problèmes sanitaires dans les centres d’engraissement
Avant d’être envoyés par voie maritime vers les pays du pourtour méditerranéen, de jeunes bovins, souvent en provenance de France, sont parqués dans des enclos couverts à des densités parfois élevées, sans ventilation ni brumisation, sans accès à l’extérieur. Ils évoluent dans un environnement sale (litière souillée, forte odeur d’ammoniac), et sont parfois en mauvaise santé (écoulements oculaires, sécrétions nasales, présence de parasites…). Les enrichissements (éléments et accessoires destinés à occuper et à stimuler les animaux) dans ces enclos sont quasi absents, et la seule activité proposée aux taurillons est de s’alimenter, afin qu’ils grossissent le plus vite possible.
Moutons chargés sur des navires poubelles
Au port de Carthagène, l’un des principaux sites de chargement d’animaux à destination des pays tiers de l’Union européenne, les ONG présentes ont pu observer l’arrivée de moutons transportés par camion puis chargés dans des navires afin d’être exportés.
L’un de ces navires, le « Nader-A », âgé de 47 ans, a déjà été dénoncé par Welfarm. Lors de l’affaire des taurillons à Sète en septembre 2022, c’est en effet sur ce cargo poubelle que 789 taurillons chargés à Sète et destinés à Alger ont finalement été renvoyés en France pour être abattus près de Rodez après être restés près de trois semaines à bord, au prix de grandes souffrances.
Le « Nader-A » a été inspecté pour la dernière fois le 3 mars 2023 au port de Sète. À cette occasion, pas moins de 15 défaillances de sécurité ont été relevées, dont des défaillances multiples des dispositifs anti-incendie, d’évacuation d’urgence ou bien encore de ventilation.
Des défaillances qui interdisent à un tel navire de transporter des marchandises, mais qui ne semblent pas poser problème pour transporter des êtres vivants !
Chargements brutaux
Le 22 juin 2023, lors du chargement d’ovins sur un autre navire, l’ « Atlantic Rose », âgé, lui, de 34 ans, les ONG sur place ont pu constater de nombreuses maltraitances. Les animaux sont poussés à coups de pied, tirés par la laine, voire par le cou, la tête, la patte, etc. Ils reçoivent également des coups de bâton.
Par ailleurs, le personnel des camions bétaillères n’attend pas que les animaux aient fini d’être déchargés pour abaisser la rampe au niveau de l’étage inférieur et continuer le déchargement, provoquant stress chez les animaux et des risques de chutes.
Mettre fin aux exportations hors UE pour protéger les animaux
Force est de constater que, plus d’un an après notre dernière enquête à Carthagène, rien n’a changé en matière de protection des animaux d’élevage à destination des pays tiers de l’Union européenne.
Seule une interdiction pure et simple de l’exportation d’animaux vivants hors Union européenne pourra mettre un point final aux souffrances subies par ces derniers, à Carthagène et ailleurs.
Une mesure demandée par Welfarm et par plusieurs pays européens, comme la Belgique, le Danemark, les Pays-Bas et la Suède, et déjà appliquée, comme en Allemagne et au Luxembourg. D’autres États, notamment la France, l’Espagne et l’Italie, y sont fermement opposés, faisant primer des intérêts économiques sur l’amélioration du bien-être animal.