Avec sa campagne « Chaud Dedans ! », qui bénéficie d’un important soutien populaire, Welfarm alerte sur les souffrances des animaux liées aux fortes chaleurs et au réchauffement climatique. L’une des clés pour s’adapter à cette nouvelle normalité est de fournir aux animaux un environnement qui répond à leurs besoins.
Réduire les densités en élevage est indispensable pour atténuer les souffrances des animaux d’élevage lors des épisodes de fortes chaleurs mais ne saurait suffire. Il est également urgent de leur fournir un environnement qui répond à leurs besoins.
Comme les humains, les animaux d’élevage souffrent du stress thermique
Le stress thermique
est la souffrance subie par les animaux lorsque la température et/ou l’humidité sont élevées. Il existe un seuil de chaleur à partir duquel la vie est menacée. Pour la plupart des animaux d’élevage, les températures préférables vont de 17°C à 24°C2.Les épisodes caniculaires de 2019 en France ont par exemple entraîné une surmortalité de l’ordre de 40% dans les élevages de porcs et volailles3. Plus récemment, en juin 2022, des milliers de bovins sont morts de stress thermique dans des parcs d’engraissement (feedlots) aux États-Unis.
La claustration dans les élevages est la norme
En France, 80% des animaux d’élevage sont regroupés dans des bâtiments ou sans accès à l’extérieur :
ꟷ83 % des 826 millions de poulets de chair sont élevés sans accès à l’extérieur ;
ꟷ97 % des 52 millions de dindes sont élevées enfermées sans accès à l’extérieur ;
ꟷ36 % des 42 millions de poules pondeuses sont élevées en cages ;
ꟷ99 % des 30 millions de lapins sont élevés en cages ;
ꟷ95 % des 25 millions de cochons sont élevés sur caillebotis en bâtiments ;
ꟷ60 % des 1,1 million de caprins (chèvres) sont en élevage intensif sans accès aux pâturages4.
Cette claustration, accompagnée de fortes densités dans les élevages, imposent des conditions de vie aux animaux qui limitent drastiquement leurs comportements naturels. Pour faire face aux fortes chaleurs, il ne suffit pas que les animaux aient plus d’espace entre eux. « En élevage intensif, on adapte les animaux à leur environnement alors que ce devrait être l‘inverse », déplore Ghislain Zuccolo, directeur de Welfarm. Un constat qui n’a jamais été aussi pertinent à l’heure du réchauffement climatique.
Un accès au plein air avec des zones d’ombrage, une nécessité impérieuse
Les animaux d’élevage devraient avoir le choix d’aller dehors, dans un parcours aménagé avec des endroits ombragés. Le plein air augmente en effet la complexité de l’environnement et permet aux animaux d’exprimer leurs comportements naturels, dont ceux participant à la thermorégulation, comme la sélection des zones de microclimat qu’ils préfèrent. A minima, il convient de leur donner accès à un jardin d’hiver, une courette ou une aire d’exercice en extérieur dans lesquels ils pourront se reposer plus au frais la nuit. Les zones d’ombrages pour les animaux terrestres devraient être fournies en priorité par des arbres, arbustes, haies. L’ombrage procuré par les végétaux est plus efficace que les abris artificiels.
Les poissons aussi sont concernés par la chaleur et l’exposition au rayonnement solaire
Il est primordial que les bassins des poissons d’élevage comprennent des parties ombragées. Elles protègent les poissons de la surexposition aux ultraviolets (coup de soleil, cataracte) et leur permettent de satisfaire leur préférence pour la pénombre. En limitant la photosynthèse, les zones d’ombres limitent également le développement des algues, diminuant ainsi les baisses d’oxygène estivales.
Laisser aux animaux la possibilité d’exprimer leurs comportements naturels
Étendre les ailes, se dresser, fouiner, ronger, explorer, élever ses petits, se déplacer, prendre l’air… La liste des comportements entravés est longue dans la plupart des élevages où les animaux sont claustrés. En période de fortes chaleurs, les animaux disposent de différentes « techniques » de régulation de leur température corporelle, qu’ils sont dans l’impossibilité de mettre en œuvre.
Ainsi, quand le thermomètre affole les compteurs, les volailles étendent leurs ailes et prennent des bains de poussière pour se rafraîchir. Les porcs, qui sont dans l’impossibilité de transpirer comme le font les humains (ils n’ont pas de glandes sudoripares), sont eux friands de bains de boue. La boue est rafraîchissante et protège des rayons ultraviolets. Dans un autre registre, les bovins, ovins et caprins se grattent aux arbres, piquets de clôture ou murs des étables pour entretenir leur pelage qui est un outil de thermorégulation. Quant aux poissons, ils ont besoin d’une profondeur d’eau suffisante afin de nager là où la température de l’eau est la plus fraîche.
Le temps des mesures ponctuelles est derrière nous
Avec le réchauffement climatique, les vagues de chaleur ne sont plus des épisodes exceptionnels auxquels nous pourrions répondre avec des mesures ponctuelles. Elles sont désormais la norme et sont amenées à se répéter et à s’amplifier. L’approche des professionnels et des pouvoirs publics se doit donc d’être systémique. Une transformation en profondeur des modes d’élevage s’impose, évidemment pour assurer le bien-être des animaux mais aussi pour des raisons purement économiques. Sans changement durable, les surmortalités dans les élevages n’iront qu’en s’aggravant et accessoirement, avec un coût toujours plus important pour les éleveurs.
Réduire les densités, assurer un environnement qui réponde aux besoins des animaux ou encore adapter le rythme d’activité des animaux terrestres pour leur donner le choix d’aller à l’extérieur et de rentrer dans les bâtiments comme ils l’entendent : ce sont toutes ces mesures d’urgence et de long terme que promeut Welfarm avec sa campagne « Chaud Dedans ! ». Nous comptons bien, avec l’appui du grand public et de nos adhérents et donateurs, convaincre les pouvoirs publics de les mettre en œuvre.
Pour plus d’informations sur la campagne Chaud Dedans !, rendez-vous ICI
1 Pour faire face à son incapacité à maintenir une température normale, l’animal va mettre en œuvre des mécanismes de compensation pour tenter de la réguler : augmentation de la fréquence respiratoire, de la transpiration (pour ceux qui le peuvent), de la consommation d’eau, déplacements limités… Ces adaptations peuvent avoir de graves conséquences sur son métabolisme.
2 The upper temperature thresholds of life https://www.thelancet.com/journals/lanplh/article/PIIS2542-5196(21)00079-6/fulltext
3 Conseil Général de l’Alimentation, de l’Agriculture et des Espaces Ruraux, « Rapport n°20030 – Mission d’appui à la Direction Générale de l’Alimentation (DGAL) portant sur l’élaboration d’un plan national de prévention et de gestion des conséquences de futurs épisodes de vagues de chaleur », décembre 2020
4 Sources sur les densités : ITAVI, Agreste, CNPO, plan de filière lapins EGAlim, Le Porc français