La réglementation pour protéger les animaux d’élevage lors des transports par fortes chaleurs est grandement insuffisante et n’est pas toujours respectée. Il est plus que temps d’agir pour protéger les animaux qui subissent les canicules, alors que celles-ci vont s’intensifier avec le réchauffement climatique. Welfarm milite en ce sens avec sa campagne « Chaud Dedans ! » et appelle le gouvernement à prendre les mesures qui s’imposent.
Chaque année, des millions d’animaux continuent de souffrir des fortes chaleurs dans les camions et navires bétaillers, que ce soit au sein de l’Union européenne (UE) ou lors des exportations à destination des pays tiers (hors UE). La chaleur provoque chez les animaux stress thermique, suffocation, déshydratation et même la mort.
Une réglementation européenne et française insuffisante qui n’est pas toujours respectée
Le règlement européen1 impose que la température à l’intérieur de l’habitacle des véhicules n’excède jamais les 30°C, avec une tolérance de plus ou moins 5°C, pour les transports de longue durée (plus de 8 heures). Pour les transports d’une durée inférieure à 8 heures, le règlement ne fixe pas de limite de température.
Or, si minimes soient-elles, ces dispositions ne sont pas respectées en pratique. Nombre de trajets sont autorisés lorsque les températures excèdent 30°C. Des transports sont effectués alors que les dispositifs de ventilation/brumisation sont défectueux ou inexistants.
À la suite de l’action de Welfarm et d’autres associations de défense des animaux, la France a restreint en 2019 le transport d’animaux durant les épisodes de fortes chaleurs. Il est interdit de transporter des animaux entre 13h et 18h dans les départements placés en vigilance canicule orange ou rouge la veille du départ à moins que le camion ne soit équipé de systèmes de climatisation ou d’un double dispositif de ventilation et brumisation. Là encore, cette réglementation, peu appliquée, est insuffisante : les températures peuvent évidemment dépasser 30°C en dehors de cette unique plage horaire. Avant la fin du mois de juillet, Welfarm avait déjà reçu 150 signalements de transports d’animaux par fortes chaleurs grâce à l’application TruckAlert (lire plus bas).
Interdire purement et simplement les transports par fortes chaleurs et de longue durée
Face aux graves manquements de la législation, il n’y a qu’une mesure susceptible de limiter les souffrances des animaux durant le transport : son interdiction pure et simple par des températures de plus de 30°C, à toute heure de la journée.
Qui plus est, il n’existe aucune durée maximale du temps de transport. Or les animaux n‘ont pas l‘habitude d‘être transportés, c‘est par conséquent pour eux une situation très stressante. Il est donc impératif d’interdire les transports d’animaux par route de plus de 8 heures.
Aucun animal vivant ne devrait être exporté vers les pays tiers
Les transports à destination des pays tiers de l’UE sont particulièrement préoccupants. Ces trajets peuvent durer plusieurs jours, alterner voyages par route et par mer et nécessiter de longs temps d’attente aux frontières. Une fois arrivés à destination, il arrive qu’aucune limite de température dans les camions n’ait à être respectée par les transporteurs.
Dans le cas du transport maritime, il faut noter que les navires bétaillers sont vieillissants et vétustes. Ils sont en moyenne exploités depuis 41 ans. Pendant le chargement et le déchargement, les animaux peuvent être manipulés à l’excès et avec violence, ce qui provoque stress et blessures. Les animaux souffrent de surcroît du mal des transports, des émanations d’ammoniac qui s’accroissent avec la durée du trajet, des courants d’air qui soulèvent la poussière, des surdensités dans les enclos, etc. Il est quasiment impossible de s’assurer que les animaux sont correctement abreuvés, soignés et nourris une fois à bord. À leur arrivée au port de destination, les animaux peuvent encore attendre pendant des heures, sous un soleil de plomb, avant d’être à nouveau chargés dans des camions jusqu’au lieu de destination finale.
Les exportations d’animaux hors UE ne sont qu’une litanie de souffrances et de mauvais traitements. Leur interdiction est la seule voie à suivre pour y mettre un terme. Chaque année, les pays européens exportent des millions d’animaux vivants en dehors de l’UE. Il est impératif de substituer à cette pratique le transport de carcasses.
Des mesures à prendre d’urgence
Les animaux ne peuvent plus attendre alors que les vagues de chaleurs se multiplient. Le gouvernement doit mettre en place un plan d’urgence pour les transports. En plus des interdictions citées précédemment, des mesures doivent être prises pour s’assurer de l’abreuvement correct des animaux, d’une ventilation efficace dans les camions, de la brumisation des animaux, etc.
Source de propositions, Welfarm a transmis le 15 juillet ses recommandations au gouvernement pour qu’il agisse dès maintenant.
La France en retard par rapport à de nombreux pays européens
La France est à la traîne en Europe dans la prise en compte des souffrances des animaux lors des fortes chaleurs. Plusieurs pays ont déjà fait un (petit) pas dans la bonne direction.
À titre d’exemple, citons les Pays-Bas, où le transport des animaux est interdit au-delà de 35°C. À partir de 27°C, il est conseillé de charger et de décharger les animaux à l’abri et sans délai, d’adapter l’occupation des caisses et des conteneurs et d’accorder une attention particulière aux « points chauds » du camion. En Hongrie, depuis le 1er juillet, les transports de ruminants à destination de la Turquie sont interdits. De son côté, le Luxembourg a interdit depuis le 1er mars toute exportation vers des pays tiers d’animaux vivants. Le ministre luxembourgeois de l’Agriculture, Claude Haagen, déclarait en février : « L’agriculture durable de haute qualité que nous visons se doit d’ambitionner les plus hauts standards de protection animale. »
Même lors des discussions au niveau européen, la France est en queue de peloton. Les ministres de l’Agriculture de l’UE étaient réunis le 18 juillet à Bruxelles pour un Conseil « Agriculture et Pêche ». Quatorze d’entre eux ont apporté leur soutien à une révision de la législation sur les transports dans l’UE allant dans le sens d’une meilleure protection des animaux. Le ministre français, Marc Fesneau, n’en fait pas partie.
Welfarm a donc besoin du soutien du grand public pour faire pression sur le gouvernement. Ce dernier se doit de répondre aux attentes des Français, de plus en plus sensibles au respect de la condition animale. Plus vous serez nombreux à signer notre pétition, plus nous aurons du poids lors de nos échanges avec les pouvoirs publics. Vous pouvez également agir sur le terrain en signalant les transports de la honte grâce à l’application TruckAlert.
TruckAlert, la première application permettant de signaler les bétaillères circulant malgré des températures caniculaires
Dans le cadre de Chaud Dedans !, Welfarm relance l’application TruckAlert. L’objectif : rendre visibles les millions de vaches, cochons, moutons, poules qui suffoquent chaque été en silence dans les camions. Quand Météo France annonce des températures supérieures à 30° C dans sa région, l’utilisateur reçoit une alerte sur son téléphone. Dès qu’il croise une bétaillère chargée d’animaux, il lui suffit de se connecter et d’appuyer sur « Je signale un camion ». Son téléphone est géolocalisé, l’heure et la température exactes sont enregistrées et envoyées à Welfarm. Ce travail de « lanceurs d’alerte » nous permet de montrer aux autorités à quel point les mesures actuelles pour protéger les animaux durant les épisodes de fortes chaleurs sont inefficaces.
Pour plus d’informations sur la campagne Chaud Dedans ! et pour signer la pétition, rendez-vous ICI
Plus d’informations sur TruckAlert ICI
1 Règlement (CE) No 1/2005 DU Conseil du 22 décembre 2004 relatif à la protection des animaux pendant le transport et les opérations annexes et modifiant les directives 64/432/CEE et 93/119/CE et le règlement (CE) no 1255/97